Rien d’étonnant à ce que l’on trouve des témoins de la foi partout et en tout temps. À Paris comme ailleurs. Aux origines, bien sûr, puisque le sang des martyrs est semence de chrétiens, mais aussi lors des grandes crises qui secoueront l’Église et la France.
À en croire la Tradition, le pape Fabien, vers 249, informé de la progression de la foi en Gaule mais inquiet de voir des sectes hérétiques s’y implanter, envoie sept évêques missionnaires accompagnés de prêtres prendre en main ces chrétientés naissantes ou en fonder de nouvelles. Parmi eux, Denis, que l’on tentera d’identifier à tort, pour donner plus de lustre à la capitale, à Denys l’Aréopagite, premier converti de saint Paul à Athènes. Au vrai, l’on ne sait quasiment rien du Denis du IIIe siècle, sinon qu’il avait la confiance du pape et était accompagné d’un prêtre, Éleuthère, et d’un diacre, Rusticus.
Denis est celui qui s’aventure le plus au nord puisqu’il s’installe à Lutèce, cité marchande de moyenne importance. Quel succès connaît sa prédication ? On l’ignore mais il réunit assez de convertis pour attirer l’attention des autorités lorsque commence, en 250, la persécution de Dèce, contraignant les habitants de l’Empire à prêter un serment civique de fidélité à Rome, assimilée à une déesse, ce qui, pour un chrétien, équivaut à une apostasie. Denis et ses compagnons, conduits au temple de Mercure, refusent ce geste idolâtre et sont décapités, sanction dépassant d’ailleurs les intentions impériales. Le lieu de leur supplice devient le Mont-des-Martyrs, Montmartre. À en croire la tradition, Denis se serait alors relevé, aurait ramassé sa tête et marché jusqu’au Vicus Cattuliacus, l’actuel Saint-Denis, où il se serait enfin couché dans la mort, signifiant qu’il voulait que fût implantée là sa sépulture.
S’il y eut d’autres victimes par la suite, aucune chronique n’en fait état. Pendant plus de quinze siècles, l’Église parisienne se développera en paix, malgré les troubles de l’histoire, jusqu’à la Révolution. Paris va alors moissonner en quelques mois un nombre d’autant plus impressionnant de martyrs que, pour la plupart des contemporains, rien ne laissait présager pareille persécution.
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