« La Providence procède par touches d’amour » - France Catholique
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La justice de Dieu
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« La Providence procède par touches d’amour »

« Cessons de vouloir tout contrôler ! Laissons Dieu être Dieu dans nos vies ! » à l’opposé de la revendication d’autosuffisance de l’homme moderne, les chrétiens auraient grand profit à s’abandonner à la Providence. Entretien avec le Père Joël Guibert, auteur de La Providence, un Dieu si proche !
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© Philippe Lissac / Godong

Qu’appelle-t-on « la divine Providence » ?

Père Joël Guibert : Ce sont « les dispositions par lesquelles Dieu conduit sa création vers sa perfection », dit le Catéchisme de l’Église catholique (302). En effet, Dieu ne fait pas que nous créer : il est avec nous dans notre vie. Il nous accompagne en mettant sur notre chemin tous les moyens pour que nous arrivions à notre fin : la sainteté, c’est-à-dire le Ciel. Cette sollicitude divine s’occupe jusqu’au moindre détail de la vie des hommes. Et la grande souffrance de Dieu, c’est de rencontrer si peu d’âmes qui accueillent ainsi sa grâce. Car les flots de son amour sont si puissants qu’ils sont en quelque sorte « comprimés » dans son cœur : il a besoin de les « soulager », les libérer dans les âmes, comme le montre son Cœur transpercé sur la Croix et comme il le dit à sainte Marguerite-Marie Alacoque. Il n’attend que notre « oui » pour ouvrir les vannes de ce Cœur brûlant. Et lorsqu’il rencontre des âmes confiantes en sa Providence, Dieu se montre vraiment Père à leur égard…

Comment vivre dans la Providence ?

Puisque Dieu dispose et organise tous les événements de ma vie, tout en respectant infiniment ma liberté, vivre dans la Providence signifie simplement que je suis invité à rejoindre Dieu qui veut ce que je suis en train de vivre, et qui va me transformer à travers tel ou tel événement. « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de mon Père », « Non pas ma volonté mais la tienne ». La vie de Jésus n’est que cela : tout recevoir de son Père et vivre uniquement de sa volonté. Et cela réjouit le cœur de Dieu. Laissons-lui le volant et cessons de vouloir tout contrôler ! Laissons Dieu être Dieu dans notre vie !

Peu à peu, à travers les circonstances, la Providence va purifier notre volonté propre car Dieu veut éduquer nos demandes, pour nous faire entrer dans sa volonté à lui, qui sait, mieux que nous, ce qui est bon pour nous en vue de notre salut. Avançons, avec la Vierge Marie, de petits fiat en petits fiat, c’est-à-dire par des « oui » sans prétention et limités dans le temps. Nous pouvons commencer déjà nos journées par un acte d’offrande, pour nous disposer à accueillir dans un « oui » tout ce que la Providence permettra que nous vivions dans la journée. La spiritualité de la Providence, ce n’est rien d’autre que la spiritualité de l’abandon.

S’abandonner, est-ce donc ne rien faire ?

Non ! Ce n’est pas le quiétisme – se laisser aller. S’abandonner, c’est se laisser faire. Cela signifie demander à Dieu ce dont nous avons besoin, puis lui laisser « carte blanche ».

Distinguons également l’abandon du fatalisme – ne rien faire – : il faut un juste équilibre entre s’abandonner à la grâce et agir en utilisant au mieux nos capacités humaines. Nous devons faire tout notre possible pour résoudre les problèmes, tout en sachant que Dieu nous donnera le meilleur pour nous, en vue du Ciel…

L’abandon, c’est un peu « Ne vous inquiétez pas du lendemain, à chaque jour suffit sa peine »  ?

Oui, s’abandonner, c’est ne plus subir l’événement, ne plus s’y résigner mais choisir de vivre l’instant présent dans la Providence, tel qu’il se présente, avec la grâce de Dieu. L’instant présent seul est porteur de la grâce de Dieu, qui ne livre pas sa grâce surgelée pour plus tard ! Voilà pourquoi il est inutile et même néfaste d’anticiper les problèmes. « Je ne souffre qu’un instant à la fois. C’est parce qu’on pense au passé et à l’avenir qu’on se décourage et qu’on désespère », disait sainte Thérèse de Lisieux. Pratiquons ce « couper-court » mental des pensées et ruminations angoissantes sur le passé et l’avenir, comme le propose la méthode du docteur Vittoz (cf. FC n° 3721). Sans cela, la Providence ne peut accomplir en nous sa divine transformation.

Retrouvez l’entretien complet et le Grand Angle dans le magazine.