Qu’on le reconnaisse ou non, le débat sur l’avortement relancé par Emmanuel Macron, qui souhaite inscrire la liberté d’avorter dans la Constitution, comporte aussi une dimension spirituelle.
Dans le cœur des femmes d’abord, comme le soulignait dans « En Quête d’Esprit » sur Cnews Laetitia de Calbiac, qui a vécu un avortement à 17 ans, avant de se convertir et d’œuvrer au sein de l’association Mère de Miséricorde. La particularité de cette belle œuvre : être fondée sur la prière et le jeûne pour les femmes tentées par l’avortement ou ayant déjà avorté. C’est le signe qu’il existe bel et bien un combat spirituel entre la vie et la mort, au moment de franchir le pas ou non. Et dans ce choix, les femmes sont, hélas ! souvent seules et livrées à elles-mêmes… Puisque désormais, dans une totale inversion de valeurs, l’avortement est considéré comme un « bien », sans contradiction ni alternative possible.
La Femme et le Dragon
De fait, à l’échelle de la société tout entière, et chez nos politiques, se dégage le sentiment d’être face à un rouleau compresseur législatif sans âme, faisant sauter les « verrous » les uns après les autres (cf. p. 8). Nous sommes loin de Baudelaire, qui remarquait justement qu’une civilisation se reconnaît avant tout à la « diminution des traces du péché originel » dans ses structures.
Dans ce combat que décrit bien l’Apocalypse, entre la Femme et le Dragon qui cherche à dévorer l’enfant (Ap 12, 1-18), sommes-nous pour autant dans une quasi-impuissance ? Voire… Ce serait oublier qu’en définitive, l’enfant est le Christ, Roi du monde et de l’histoire. Et que dans ce combat, certes inégal d’un point de vue humain, entre notre nature déchue et la grâce, notre Sauveur a vaincu en triomphant de la mort et du péché. Cela signifie également que la victoire est certaine, quand bien même les apparences seraient contraires. Et qu’en Lui se trouve la source du Salut et de l’espérance.
Mais cela veut dire également que dans les combats temporels comme celui de l’avortement ou de la fin de vie, se priver de la grâce reviendrait à se battre avec une main attachée dans le dos… Face au relativisme et à l’inversion complète des valeurs du bien et du mal, seule l’affirmation argumentée et publique de la foi devient audible pour nos contemporains, si l’on veut refonder la valeur de la vie sur la force et la cohérence d’une foi et d’une sagesse plurimillénaire.
Ainsi, au XVe siècle, un franciscain, saint Bernardin de Sienne, prêchait-il en priorité le Nom de Jésus pour réformer les mœurs. C’est même lui qui a inventé pour Le désigner le sigle « IHS » – Iesus hominum Salvator (« Jésus Sauveur des hommes »). Et il a conquis des foules entières dans toute l’Italie, jusqu’à 20 000 personnes parfois, en raison de la puissance effective de ce Nom ! À la manière de saint Paul, disait-il, qui mettait partout le Nom de Jésus, et de « Jésus crucifié », il faut « faire connaître ce Nom pour qu’il brille et ne pas le passer sous silence ».
À leur suite, un moine affirmait encore qu’il existe « une grâce attachée à la confession pleine et entière de la foi ». Il s’agit donc pour les catholiques de se montrer tels qu’ils sont, sans masquer leur foi sous prétexte de se faire entendre. Dans une société matérialiste qui a perdu le sens de l’âme, énoncer publiquement ce qui les fait agir – le Christ – est une forme de témoignage.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?
- Dénoncer les abus sectaires dans la vie consacrée et passer l’épreuve en union au Christ Epoux
- Annoncer la miséricorde
- Jean-Paul Hyvernat