En 1559, l’élection de Pie IV au trône de Pierre semble ne pas faire souffler le vent de renouveau attendu. Gangrenée de népotisme et de mauvaises mœurs, la Curie est un foyer de scandales et les tentatives pour l’amender ont toutes échoué. Certes, un concile s’est ouvert à Trente en 1545, en réponse à Luther, mais Charles Quint en a bloqué les travaux afin d’éviter une condamnation des thèses protestantes, qui le mettrait en difficulté dans ses États germaniques.
Qu’attendre du nouveau pape dont le premier soin est d’élever à la pourpre Carlo Borromeo – Charles Borromée – son neveu, né à Arona, sur le lac Majeur, le 2 octobre 1538, avant de lui donner la Secrétairerie d’État, le faire Protecteur du Portugal et de Basse-Allemagne, des carmes, des chanoines de Coïmbra, des franciscains, de l’Ordre du Christ, archiprêtre de Sainte-Marie Majeure, et Grand Pénitencier ? S’ajoutant aux bénéfices que le jeune homme cumule depuis sa tonsure à 12 ans, c’est une rente astronomique qui lui revient. Un abus de plus, comme le chantonnent les Romains ? Non.
Donner l’exemple
Borromée est d’une autre trempe. Il le prouve lorsque la mort de son frère aîné fait de lui l’héritier de sa famille et qu’au lieu de quitter les ordres, il avance son ordination sacerdotale pour se lier sans retour au service de Dieu. La réforme de l’Église, Pie IV y travaillera de tout son pouvoir, son neveu en sera l’exécutant fidèle. Et inspiré.
Carlo donne l’exemple, travaille comme une brute, prie comme un saint, soulage les pauvres, dort sur la paille, mange du pain sec, boit de l’eau, mortifié pour lui-même, et les autres. À ces tâches, il ajoute le rôle de légat ; en 1562, il participe à la troisième session du concile achevé le 4 décembre 1563, assume la rédaction du Catéchisme.
La réforme projetée est immense, il faut la mettre en œuvre, et traduire dans les faits les décrets conciliaires. Borromée s’y attelle sur le terrain en devenant, en 1565, archevêque de Milan, plus grand diocèse d’Italie. Le concile demande aux prélats de résider dans leur cité épiscopale : Carlo résigne ses fonctions à Rome et regagne la Lombardie, qu’il ne quittera plus. Même lorsque, à la mort de son oncle, on lui fait miroiter la tiare, à 27 ans, qu’il refuse, préférant servir Pie V dont il sera « l’œil droit ».
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