La proposition « Je crois à la sainte Église catholique » qui figure dans le Credo doit d’autant plus retenir notre attention qu’elle est associée aux données fondamentales de la foi chrétienne. Il ne s’agit donc pas d’une option particulière contingente. Ceux qui adhèrent aux vérités qui sont au cœur du mystère chrétien appartiennent de facto à cette institution qui possède toute autorité pour diriger, enseigner et dispenser les sacrements.
Dans l’ouvrage important qu’il vient de publier (Pascal et la proposition chrétienne, Grasset) Pierre Manent insiste particulièrement sur cette réalité : « Avec le christianisme apparaissent ensemble une parole radicalement nouvelle, une action radicalement nouvelle, et un lien radicalement nouveau entre la parole et l’action. Pour lier cette parole inédite et cette action inédite, pour les lier plus étroitement que parole et action ont jamais été liées, une association humaine inédite : l’Église. Il n’y a pas en effet de christianisme sans Église chrétienne. »
Une doctrine et une loi indépendantes
Et Manent d’insister sur la fonction magistérielle d’une telle institution, celle qui impose d’affirmer avec la plus grande simplicité et la plus grande précision le contenu de la Révélation : un Dieu en trois personnes et un Christ doué de deux natures, humaine et divine. C’est peu dire que l’Église se trouve ainsi douée d’une indépendance radicale par rapport à toutes les autres institutions qui ne sauraient lui dicter sa doctrine et sa ligne de conduite. Et de ce point de vue, il y a lieu de contredire notre ministre de l’Intérieur lorsqu’il affirme que la loi de la République est supérieure à la loi de Dieu. Non que la loi humaine soit à dédaigner. Bien au contraire, elle s’impose de façon empirique pour déterminer le bien de la cité. La loi de Dieu est d’un autre ordre, un ordre qui ne saurait être encadré par la puissance publique.
Si la laïcité signifie la saine indépendance de l’État, elle se doit aussi d’être respectueuse de cet ordre qui ne lui appartient pas. La meilleure philosophie politique en convient. Mais il est vrai aussi que dans une période où l’Église est particulièrement bousculée du fait de certains scandales, il est parfois tentant pour certains de récuser son autonomie et son autorité. Jacques Maritain opérait à ce propos une distinction entre l’Église et son personnel, entre la sainteté d’une institution voulue par Dieu et les fautes de ceux qui ont pourtant la charge de la diriger. Il faut bien distinguer ce qui relève des charismes de l’Église, une, sainte, catholique et apostolique et ce qui relève d’une humanité pécheresse toujours à corriger et à réformer.
Dans une période de troubles on s’arroge trop souvent le droit et même le privilège de réformer l’institution non dans la continuité de sa tradition mais en fonction d’a priori idéologiques étrangers à cette tradition. Ceux qui s’inscrivent dans la démarche synodale en cours doivent prêter attention au fait que celle-ci s’enracine dans une longue pratique ecclésiale qui a ses règles propres et qui exclut au terme de certains débats nécessaires les démarches et les propositions déviantes. Un retour à l’orthodoxie ecclésiologique s’impose sérieusement aujourd’hui.
Pour aller plus loin :
- 5 - Ces sacrements qui nous divinisent
- Conclusions provisoires du Synode sur la Parole de Dieu
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies