« Humanae Vitae » en ligne de mire - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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« Humanae Vitae » en ligne de mire

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Tempête de neige – bateau à vapeur à l'entrée d'un port, Joseph Mallord William Turmer, 1842.

Tempête de neige – bateau à vapeur à l'entrée d'un port, Joseph Mallord William Turmer, 1842.

[Galerie Tate, Londres]

Depuis que l’Académie Pontificale pour la Vie a été restructurée il y a plusieurs année par l’archevêque Vincenzo Paglia, elle a pataugé dans une série de scandales hyper-médiatisés. La controverse la plus récente entoure la publication de « Ethique théologique de la vie ». Au sein de ce livre on trouve des propositions pour modifier des doctrines telles que l’interdiction de la procréation médicalement assistée. Le livre questionne également l’enseignement de « Humanae Vitae » qui interdit l’usage des contraceptifs.

L’un des contributeurs, Gilfredo Marenzo, argumente que si « les circonstances pratiques » rendent « irresponsable le choix d’engendrer », un couple devrait pouvoir avoir recours à des moyens de contraception.

Dans des entretiens et tweets qui ont suivi, des membres de l’Académie Pontificale ont insisté sur le fait que l’enseignement de Paul VI sur la contraception n’était pas infaillible et donc sujet à révision. Selon le père Maurizio Chiodi, « Humanae Vitae » n’appartient pas au magistère infaillible de l’Eglise. Tout au contraire, selon Chiodi, nous sommes dans le domaine de « la doctrine réformable » où des théologiens et des catholiques peuvent être en désaccord.

D’après le site « The Pillar », qui commente l’actualité catholique, il y a une stratégie subtile qui sous-tend cette nouvelle offensive contre l’encyclique du pape Paul VI. Paglia et ses collègues opportunistes reconnaissent qu’il est peu probable que le pape François rédige un nouveau document sur la contraception qui amende l’enseignement de ses prédécesseurs. Ils espèrent cependant que leurs commentaires suggestifs concentrent l’attention sur le problème de la contraception durant le Synode à venir sur la synodalité et procure une nouvelle tribune aux dissidents.

Le but ? Peut-être que ces échanges conduisent au langage de la pénombre dans le document final (une note de bas de page par exemple) qui relativise « Humanae Vitae ». Rien qu’une allusion à l’idée que la contraception serait parfois moralement permise prendrait rapidement racine parmi des théologiens dissidents et des laïcs réceptifs.

Un tel compromis minera infailliblement la remarquable continuité de l’enseignement de l’Eglise sur ce sujet.

Cette doctrine a été réaffirmée sans ambigüité lors du Concile Vatican II dans plusieurs sections de Gaudium et Spes. Dans le paragraphe 51, les pères conciliaires statuent que l’amour conjugal doit « préserver le sens complet du don mutuel et de la procréation humaine ». Ils poursuivent en stipulant que le caractère moral d’un acte réconciliant l’amour marital avec « une transmission responsable de la vie » doit être basée sur des « critères objectifs » qui excluent de rendre artificiellement infécond un rapport sexuel.

Humanae Vitae (14) fait écho à ce principe puisqu’elle rejette « tous les actes qui tendent à empêcher la procréation, qu’ils soient choisis comme moyens d’atteindre un but ou comme finalité ». Peu importe les intentions (comme limiter la taille de la famille).

Dans une note de bas de page du paragraphe de Gaudium et Spes, il y a des références à la dénonciation de la contraception par Pie XI et Pie XII. Donc le concile Vatican II et Humanae Vitae n’ont rien inventé de neuf et n’ont fait que répéter l’enseignement constant de l’Eglise sur la contraception.

Le principe de base de toutes ces déclarations papales et conciliaires est qu’un couple ne peut pas avoir de rapport sexuel en empêchant délibérément cet acte d’atteindre son but naturel de procréation, quelques puissent être ses intentions générales.

Le pape Jean-Paul II a traité du problème de la contraception dans plusieurs de ses écrits, avant et après son accession à la papauté, au nombre desquels « Théologie du corps » et « Veritatis Splendor ». Dans le premier ouvrage, 134 discours catéchétiques prononcés durant les premières années de sa papauté, il démontre comment la justification pour « Humanae Vitae » s’enracine profondément dans la philosophie morale et l’anthropologie.

Et dans un discours à l’occasion du 40e anniversaire de « Humanae Vitae », le pape Benoît a proclamé que « la vérité exprimée dans Humanae Vitae ne change pas ».

Étant donnée cette exceptionnelle continuité, il est difficile de prétendre que le charisme d’infaillibilité de l’Église n’est pas à l’œuvre ici.

[…]

Si l’archevêque Paglia et l’Académie Pontificale pour la Vie réussissent à relativiser cette doctrine et à la transformer en une norme générale sujette à de multiples exceptions et réserves, basées sur les arguments sophistes de savants théologiens, la stabilité et la permanence de nombreux autres enseignements de l’Église deviendront tout autant vulnérables.

[…]

Ainsi que sœur Lucie, voyante de Fatima, l’a déclaré, la « bataille finale » entre Satan et Notre Seigneur se livre autour du mariage et de la famille et le récent débat sur la contraception est un nouveau point d’inflexion. L’inefficacité de la hiérarchie catholique dans ce conflit spirituel interminable sera évidente si elle manque à défendre ce que les papes de Pie XI à Benoît XVI (ainsi que leurs prédécesseurs) ont enseigné avec tant de clarté et d’autorité.