« Choisis la vie » - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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« Choisis la vie »

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© Antoine

Écran de fumée ? À bien des égards, le débat sur la fin de vie qui commence s’apparente à une nébuleuse très alambiquée : une Convention citoyenne sur la fin de vie, doublée de consultations gouvernementales, et dont l’issue sera soit un référendum, soit un texte de loi. Comprenne qui pourra ! Le tout assorti de petites phrases sur la nécessité d’ « avancer », donnant prise aux soupçons sur la neutralité de l’exécutif.

Face à cette obscurité, il convient de jeter une lumière, celle de la vérité, comme l’a toujours fait l’Église à temps et à contretemps. Et cette vérité est dans cet interdit civilisateur, « Tu ne tueras point », dont la transgression ne peut en aucun cas s’imposer aux médecins, – la plupart ne le veulent pas d’ailleurs, conformément au serment d’Hippocrate. Lequel Hippocrate, médecin grec et philosophe, avait déjà répondu à la question au siècle de Périclès : « Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. » Une sagesse vieille de 2 400 ans, toujours en vigueur au sein de l’Ordre des médecins, serait-elle bonne à jeter aux orties ?

Interdit fécond

Mais cet interdit, que l’on retrouve dans la loi mosaïque et qu’a rappelé récemment le grand rabbin de France, serait-il à ce point un mot banni du vocabulaire que personne ou presque n’ose le reprendre ? Plus de cinquante ans après Mai-68, il serait alors toujours « interdit d’interdire »… Là encore, écoutons les soignants expliquer combien cet interdit est fécond, car il pousse à trouver des solutions pour soulager la souffrance et respecter la dignité, la vraie, non négociable, de chaque personne, fût-elle dans un état physique ou moral très dégradé (cf.p. 8).

Un interdit qui se double aussi du conseil biblique, positif celui-là, de « choisir la vie » (Deutéronome 30, 19), y compris au moment de l’agonie, lors de ces derniers instants où l’issue ne fait plus de doute. Dans ce combat – étymologie du mot « agonie » – qui est spirituel, l’Église, c’est sa raison d’être, se doit de trouver les mots pour soutenir haut et fort l’espérance chrétienne et réaffirmer que la vie ici-bas n’est que le marchepied d’une vie plus élevée. Comme le fit Frédéric Ozanam, en 1834, à 21 ans, racontant à des étudiants comment, assailli par le doute religieux, il avait échappé au désespoir et s’était converti au contact de jeunes gens décédés brutalement. « Le poids de mes jours n’était pas le même, expliquait-il, selon que je mettrais dans l’autre plateau de la balance la cendre du cercueil ou les siècles de l’éternité. »

Au fond, dans une société orgueilleuse qui a rejeté Dieu, l’euthanasie constitue en réalité une « perversion de la pitié », affirmait déjà Jean-Paul II, quand la véritable miséricorde consiste à accepter la faiblesse et la souffrance. « Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance. Il n’est même pas venu l’expliquer, mais il est venu la remplir de sa présence », soulignait pour sa part Paul Claudel.

Une présence aimante, incarnée aujourd’hui par de nombreuses religieuses et soignants chrétiens, qui contribuent à ce que leurs patients en fin de vie puissent répondre au cours de ce moment crucial à l’interrogation de Jésus à Pierre : « M’aimes-tu ? » Et suivre ainsi l’exemple du Christ dans son agonie à Gethsémani, que saint François de Sales résumait par cette très belle formule : « Il portait la mort dans l’âme de la vie. »