La question écologique est devenue centrale aujourd’hui. Elle alimente le discours politique, pas toujours de la façon la plus heureuse. Du fait de sérieuses dérives idéologiques. Mais elle s’impose à toutes les familles, qu’elles soient philosophiques, spirituelles, et notamment chrétiennes. Ce n’est pas pour rien que le pape François a consacré sa première encyclique Laudato si’ à une perception théologique de la sauvegarde de la Création.
Cette rentrée de septembre, dans la suite d’un été caniculaire, place au premier plan des préoccupations la gestion de l’eau, sans oublier le grave souci de la préservation de nos forêts, ravagées par des feux gigantesques. Si j’ai un point d’accord avec le militantisme écologique d’aujourd’hui, c’est que nous sommes bien au défi d’une nouvelle attitude face à la nature, où il s’agit, selon la formule du philosophe à « réapprendre à habiter ». Voilà plusieurs décennies que la pensée de Jacques Ellul m’a incliné à un réexamen d’un certain impérialisme technicien. Mais tous les écolos n’ont pas été à l’école d’une telle sagesse, parce que la défiance à l’égard des agressions contre la nature les a conduits à une sorte d’anti-humanisme qui, paradoxalement, les fait rejoindre les courants qui, selon Günther Anders, nous mènent à « l’obsolescence de l’homme ».
Pardon, mais il y a une différence ontologique capitale entre l’animalité et l’humanité. Il me faudrait développer plus avant l’examen de ce sujet capital. Je me contenterai pour cette fois d’amorcer une réflexion en signalant le très beau livre qu’Olivier Rey a consacré à l’eau l’an dernier sous le titre Réparer l’eau. On trouvera son approche peut-être un peu trop poétique, loin du souci très concret de nos ingénieurs, mais justement, notre relation aux éléments de la Création n’est pas seulement technique. Elle fait appel au symbolique et à l’imaginaire, sans lequel habiter ce monde devient périlleux.