La béatification, dimanche 4 septembre, sur la place Saint-Pierre, du pape Jean-Paul Ier, constitue avant tout la reconnaissance de la sainteté d’une existence. Celle-ci ne transparaissait-elle pas à travers un personnalité d’une telle clarté, d’une telle douceur évangélique ? Dès son enfance, Albino Luciani semblait appartenir au nombre de ceux que Georges Bernanos appelait « les prédestinés ». C’est-à-dire ceux que Dieu a choisis de toute éternité pour être ses témoins. Jean-Paul Ier était-il prédestiné à n’être que le pape d’un règne aussi éphémère ? Trente-trois jours. On peut, en effet, se le demander, même si les interprétations sont tout à fait libres, à commencer par la mienne.
Que nous aura donné en si peu de temps le pape au sourire ? Eh bien, justement, le sourire de la grâce de Dieu. L’appel direct à chacun d’une providence qui ne veut que la joie du salut pour tous. Et ce simple enseignement n’avait nul besoin de s’étendre dans le temps. Il lui suffisait de quatre audiences hebdomadaires et de deux homélies pour s’affirmer aux yeux et aux oreilles de tous. J’ajouterai, bien que je reconnaisse que cette part d’interprétation est un peu hasardeuse, que le bref passage d’Albino Luciani, c’est un peu l’adieu aux papes italiens qui ont occupé si longtemps la chaire de Pierre. Après lui s’ouvre une nouvelle ère conforme à l’internationalisation de plus en plus grande de l’Église. Avec désormais un Polonais, un Allemand, un Argentin. Après moi, semble-t-il nous dire, ce n’est plus le patriarche de Venise qui sera forcément le plus qualifié, le plus reconnaissable, parce que le vaste monde nous offre d’autres figures pour l’avenir.
Un dernier mot. Une polémique a surgi à propos du parti pris de béatifier et de canoniser tous les papes contemporains. Mais la charge de saint Pierre, qui consiste à gouverner, enseigner et sanctifier, n’appelle-t-elle pas, de facto, l’exemple concret de la sainteté ?