Le thème des fêtes sera « Aimer Jésus ». En quoi l’image du linceul peut-elle nous y aider ?
Père Benoît Guédas : Ce thème reprend le message de la deuxième apparition de Jésus à Marguerite-Marie Alacoque, à Paray, lorsqu’il lui demande de réparer pour les ingratitudes des hommes. C’est aussi ce que montre le Saint-Suaire, qui porte les traces visibles des sacrilèges, des outrages, du mépris… En contemplant cette image, notamment la trace du cœur ouvert, nous voyons jusqu’où Jésus nous a aimés, et comment nous ne lui rendons pas cet amour. Cela invite à l’aimer davantage… « Le Cœur de Jésus demeure grand ouvert », a dit le pape Jean-Paul II, en ouvrant le nouveau millénaire. Ouvert par son amour, avant même les blessures que nous lui infligeons…
Le linceul est-il une contemplation du Cœur de Dieu ?
Le cœur est un organe caché : comment, dès lors, voir l’amour du Cœur de Dieu ? À travers ce qu’il a révélé et les gestes qu’il a posés. Si le Christ nous a tant aimé dans son ministère public, le linceul nous montre l’accomplissement de ce verset de Jean (13,1) : « Il nous a aimés jusqu’au bout ». Quand je regarde le visage de Jésus sur ce linge, je vois l’amour de son Cœur…
Est-ce pour cela que le sanctuaire va accueillir une exposition permanente sur le Saint-Suaire ?
C’est un trésor dont Paray va hériter, en effet, pour nous aider à entrer plus profondément dans la compréhension de la blessure du côté du Christ. L’exposition présente, en particulier, une copie du Saint-Suaire en taille réelle. C’est une magnifique icône de l’amour de Dieu, qui a déjà porté de très beaux fruits dans les lieux où elle a été montrée : devant cette image de Jésus transpercé, des personnes blessées ont découvert son amour et ont été guéries…
Le 24 juin, solennité du Sacré-Cœur, sera aussi la Journée de sanctification de la vie des prêtres : quel est le lien ?
Cette journée, instituée par le pape Jean-Paul II en 1995, découle de la troisième apparition de Paray. En demandant à Marguerite-Marie l’instauration de la fête du Sacré-Cœur, Jésus lui révèle aussi les blessures infligées à son amour dans le sacrement de l’Eucharistie par les « ingratitudes », « irrévérences », « sacrilèges », « froideurs », particulièrement « des cœurs qui (lui) sont consacrés » et spécialement par les prêtres. Cette fête, célébrée après celle du Saint-Sacrement, est donc associée à la réparation des outrages faits à Dieu dans l’Eucharistie, et consacrée à la prière pour la sanctification des prêtres.
Le message du Sacré-Cœur est donc lié à l’Eucharistie ?
C’est évident à Paray. En effet, toutes les apparitions de Jésus à Marguerite-Marie ont lieu devant le Saint Sacrement. On le voit mis en valeur au sanctuaire du Sacré-Cœur de Montmartre avec l’adoration permanente. L’Eucharistie est donc le lieu du Sacré-Cœur : en nous livrant son corps, Jésus nous montre l’amour de son Cœur. Le sacerdoce, en étant lié à l’Eucharistie, est donc intiment lié à l’amour du Sacré-Cœur. Souvenons-nous que Benoît XVI avait ouvert et clôturé l’année du Sacerdoce, en 2009, lors de la fête du Sacré Cœur. Enfin, n’oublions pas ce que disait le Curé d’Ars : « Le sacerdoce, c’est l’amour du Cœur de Jésus. » Et c’est aussi cet amour du corps livré pour nous que l’on voit sur le linceul.