Il n’est pas possible de jouer l’indifférence lorsque le sort du pays dépend du suffrage des citoyens. Raison de plus pour s’interroger sur le faible taux de participation à ce premier tour des élections législatives. Serait-ce l’esprit civique qui serait en défaut ? Encore faudrait-il savoir les raisons pour lesquelles la moitié des électeurs se sont abstenus de remplir leur devoir électoral. Ce n’est sûrement pas du désintérêt, plus vraisemblablement du scepticisme.
Scepticisme quant au poids de leur suffrage pour peser sur les institutions. Les politologues se demandent, pour certains, si le mode de scrutin actuel ne décourage pas les citoyens qui ont le sentiment que, de toute façon, ils ne seront pas représentés. Que la candidate qui est arrivée au second tour de la présidentielle avec plus de 40 % des suffrages, ne puisse prétendre qu’à si peu de députés a de quoi décourager son électorat. Alors, faudrait-il adopter le scrutin proportionnel qui assure un plus juste équilibre entre les forces politiques et une représentation plus équitable ? Peut-être. Mais alors le président de la République risque de manquer de cette majorité qui lui est nécessaire pour gouverner.
À vrai dire, il s’agit d’un véritable casse-tête chinois que les spécialistes sont bien en peine de surmonter. Ou alors il faudrait revoir tout notre système institutionnel, celui mis en place par le général de Gaulle en 1958. Mais les résultats de dimanche comportent aussi une autre leçon qui conforte d’ailleurs les données de la présidentielle. Les forces en présence ne sont plus celles qui ont existé jusqu’au quinquennat de François Hollande. L’opposition n’est plus à gauche ou à droite, elle s’incarne dans Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. C’est la sociologie profonde du pays qui a changé et c’est elle qui déterminera désormais les choix politique du pays.