Quand sont nées les moniales chartreuses ?
Nathalie Nabert : En 1084, saint Bruno part vivre en ermite avec quelques moines. Vers 1150, des moniales vivant à Prébayon, sous une règle monastique locale, cénobitique [toutes ensemble, selon la règle classique NDLR], s’agrègent aux frères. Leur entrée dans l’ordre est officialisée en 1155.
Pourquoi le Père Ravier, l’historien des chartreux, disait-il que l’ordre cartusien a rendu « à la vie contemplative l’éclat de sa pureté originelle » ?
Les chartreux vivent sur le modèle des Pères du désert égyptiens, qui demeuraient dans des cellules, seuls ou avec un disciple, dans le désert près d’Alexandrie.
Puis au Ve siècle, saint Jean Cassien, établit un pont entre ce monachisme originel d’Orient et celui d’Occident, plus tardif, en faisant découvrir les écrits de ces Pères du désert. Les chartreux s’en sont directement inspirés et mènent ainsi la vie des premiers contemplatifs.
Qui sont leurs modèles ?
Pour la vie érémitique, c’est Jean-Baptiste au désert. Et pour la paix intérieure et l’écoute de la Parole de Dieu, c’est Marie. Voilà pourquoi toute leur journée est placée sous le voile de la Vierge.
Quelle est leur vocation profonde ?
C’est une histoire d’amour. Elles recherchent l’union à Dieu, dans la solitude, en réponse à son appel. La solitude est, pour elles, le sacrement de la rencontre avec Dieu. C’est pourquoi les amitiés particulières ne sont pas favorisées dans les chartreuses.
Comment devient-on chartreuse ?
On entre dans une chartreuse en réponse à un appel. On ne peut pas le décider. Après un entretien avec la prieure, l’impétrant effectue un séjour d’un mois, que suit un postulat de sept années de formation, avant l’entrée définitive.
Tout est fait pour vérifier qu’il s’agit d’un appel authentique. Si ce n’est pas le cas, cette vie de liturgie, de pauvreté, de silence, d’ascèse et de solitude, se charge de « rejeter » en général la postulante dans les deux ans qui précèdent la profession. Cela se manifeste souvent par des petits phénomènes somatiques.