Nous sommes dimanche, à l’issue de la messe, un couple s’approche avec un nourrisson. « Nous ne pouvions pas avoir d’enfant. Il y a plus d’un an, nous sommes venus en pèlerinage à Chartres. Devant le Voile de la Vierge, nous avons demandé cette grâce de devenir parents. Nous venons ce jour pour rendre grâce à Dieu et nous vous demandons de bénir notre enfant », confie-t-il.
Chartres, un immense reliquaire
Dans l’urne placée auprès de Notre-Dame du Pilier, ce sont des kilos de papier sur lesquels les gens confient leurs soucis quotidiens, parfois aussi leurs actions de grâce. La Mère de Dieu accompagne le peuple des petits et des pauvres dans leur quotidien. Ce sont donc des milliers de prières, des tonnes de souffrance, d’angoisse et d’espérance qui sont exprimées. Parfois, je me dis que la relique du Voile de Marie n’est quand même pas un distributeur de billets, un guichet d’une administration, une baguette magique… Mais je suis aussi le témoin privilégié de la dévotion mariale et des grâces obtenues à la cathédrale par l’intercession de la Vierge.
La sainte relique est ce vêtement qu’aurait porté Marie au jour de l’Annonciation. Il a été donné par l’impératrice Irène de Constantinople à Charlemagne. Son petit-fils, Charles le Chauve, l’a donné à la cathédrale de Chartres en 876. Depuis lors, Chartres est ce grand lieu de pèlerinage. Cette cathédrale est comme un immense reliquaire qui conduit les croyants, les pèlerins, à découvrir, par Marie, la présence du Seigneur à leurs côtés.
Je comprends pourquoi, aujourd’hui encore, tant de femmes viennent ici pour demander la grâce de devenir mamans. Elles entrent dans cette grande procession de saints, de reines ou d’inconnues qui sont venues pour toucher le Voile. Les saints pour honorer la Vierge, les reines de France pour demander d’enfanter un garçon qui sera un futur roi pour la France, les inconnues pour simplement connaître la joie d’être mères. Beaucoup consacrent leur enfant à naître à Marie et les chapelains bénissent les « ventres », lourds d’une espérance et d’une joie.
Se laisser toucher
La relique de la Vierge n’est pas un instrument magique mais un signe qui introduit chacun dans le mystère de la Nativité. Annonciation, Visitation, Nativité, ce triptyque est présent dix fois dans la cathédrale ! Les gens viennent toucher le Voile ou plutôt pour être touchés par la Vierge Marie. Cette dévotion mariale est une grande chose. Elle est une quasi-nécessité pour introduire les croyants à une connaissance plus grande de Jésus et rendre les dogmes plus concrets. Avec Marie, le mystère de l’Incarnation se fait en quelque sorte plus sensible : « Jésus est vraiment le Seigneur, Vrai Dieu et Vrai homme. » Marie est Mère de Dieu et Mère de l’Église. Avec elle qui, aux noces de Cana, dit aux serviteurs « faites tout ce qu’il vous dira », nous comprenons mieux la mission de l’Église d’enfanter à la foi ceux qui cheminent avec elle.
Vous tous, pèlerins qui venez à Chartres, laissez-vous toucher par la Vierge, comme elle a laissé le Seigneur venir demeurer en elle. La foi commence par un émerveillement : « Tout est beau ici ! » Mais allez, par Marie, jusqu’au Christ. Ou mieux : dans le silence et la prière, laissez-vous rejoindre par Lui. Le Christ fait, des visiteurs, des pèlerins. Et il fait, des pèlerins, des disciples missionnaires qui porteront les fruits de paix et de joie pour notre temps.