Le Père de Foucauld en habit blanc marqué du Cœur et de la Croix, tenant un ostensoir en main : image des deux volets de sa spiritualité, le Sacré-Cœur et l’Eucharistie. Il avait en effet pris pour devise Jésus Caritas, « Jésus Amour », écrite en tête de toutes ses lettres, fil rouge de sa vie. L’abbé Huvelin, son père spirituel, le présentait ainsi au Père Abbé de Fontgombault : « Il a fait de la religion un amour. »
Ce logo, d’une conception si moderne, du Cœur surmonté de la Croix était pour lui « le résumé de notre religion ». « Ce Cœur écrit sur ma robe, il est là pour que je me souvienne de Dieu et des hommes pour les aimer… De toutes mes forces, je tâche de montrer, de prouver à ces pauvres frères égarés, que notre religion est toute charité, toute fraternité, que son emblème est un Cœur. »
Nous qui portons cet habit, nous mesurons en effet combien il interpelle les personnes qui nous interrogent sur la signification de ce logo : c’est le Cœur de Jésus, qui nous aime tellement qu’il a donné sa vie sur la Croix pour nous sauver : oui, résumé de notre religion.
Se réjouir de l’amour divin
À l’école du Père de Foucauld, nous pouvons apprendre comment goûter cet amour de Dieu. Tout d’abord, il nous apprend à se réjouir de l’océan d’amour et de don que sont les Trois Personnes divines : « Il me semble que nous nous enfonçons dans les sables mouvants d’où l’on ne sort pas. Mais, mon Dieu, que vous êtes bon ; alors vous nous criez : « Cherche-toi en Moi », et vous nous présentez une ancre solide à laquelle nous pouvons attacher notre joie, c’est la joie de votre bonheur, la joie de votre béatitude infinie. »
Le Père de Foucauld, foudroyé par la réalité de l’Incarnation, nous apprend aussi à goûter l’amour de Dieu pour nous pécheurs. Dieu fait homme pour l’amour des hommes aime chacun d’un amour passionné, et attend de chacun une réponse d’amour passionné.
Méditant sur la parole de Jésus « Je suis venu apporter un feu sur la terre », il s’enflamme : « Vous êtes venu apporter l’amour sur la terre, vous êtes venu mettre au milieu de nous les flammes de votre Cœur. Et vous nous dites nettement votre volonté à votre égard : c’est que nous vous aimions à notre tour. Ayons une grande dévotion à ce Cœur sacré par lequel Dieu a allumé le feu sur la terre. »
Autre leçon du Père de Foucauld : aimer comme Dieu notre prochain. « Aimer, aimer Dieu et le prochain ; aimer le prochain pour arriver par là à l’amour de Dieu. Ces deux amours ne vont pas l’un sans l’autre. Croître dans l’un c’est croître dans l’autre. » L’Amour n’est pas aimé, aussi le Père de Foucauld était-il pénétré du désir de consoler le Cœur de Jésus. « Faites-moi, mon Dieu offrir à votre Cœur toute la consolation possible, et en étant moi-même saint et brûlant d’amour, et en obtenant pour le plus grand nombre d’âmes possibles cette sainteté et cet amour embrasé, seule consolation que ce monde puisse donner à votre Cœur. »
Aimer, imiter, consoler, voilà comment rendre un culte au Divin Cœur à l’école du Père de Foucauld.
L’amour pour Jésus-Hostie
Fruit de son amour pour le Sacré-Cœur, l’Eucharistie est l’autre volet de sa spiritualité, car elle est le Cœur de Jésus vivant au milieu de nous. Le Père de Foucauld est un amoureux de Jésus-Hostie, restant des heures entières en adoration près du Bien-Aimé : Présence amoureuse, certes, mais non sentie, car l’Eucharistie est mystère de foi : « Tout m’est pénible, sainte communion, prière, oraison, tout, tout, même de dire à Jésus que je l’aime. Il faut que je me cramponne à la vie de foi. Si au moins je sentais que Jésus m’aime, mais il ne me le dit jamais. »
À sa cousine Marie de Bondy, il écrit : « Voici que chaque matin je consacre la sainte Eucharistie, que chaque jour je donne avec elle la bénédiction ! Voici enfin et surtout que j’ai la permission de fonder une société, un ordre spécialement destiné à honorer cette sainte Eucharistie, reçue il y a aujourd’hui trente ans pour la première fois et à l’adorer nuit et jour exposée. » Sa célébration de la messe a bouleversé le maréchal Lyautey : « Je n’ai jamais vu dire la messe comme la disait le Père de Foucauld. Je me croyais dans la Thébaïde, c’est une des plus grandes impressions de ma vie. »
L’intuition missionnaire du Père de Foucauld et sa conviction profonde concernant le salut des infidèles reposent sur deux moyens : le Saint-Sacrifice et la présence de la sainte Hostie au tabernacle, comme il l’expose à Mgr Guérin, son préfet apostolique : « Là où il y a un Tabernacle soyons sûrs qu’il n’est pas inactif ; tâchons de le conserver, tâchons que celui ou ceux qui le gardent se multiplient à ses pieds, certains que Jésus ne peut pas être là sans rayonner… Faisons tous nos efforts pour la multiplication des tabernacles, c’est Jésus vivant et rayonnant bien que caché comme à Nazareth. »
Pour lui, le premier missionnaire, c’est Jésus lui-même présent dans son Eucharistie. Quand le Père fut privé de garder la sainte Eucharistie, Mgr Guérin lui écrivit : « Je ne doute pas que le Bon Dieu ne se charge de vous dédommager lui-même du sacrifice qu’il vous demande ainsi, et s’il vous prive de sa présence réelle dans le sacrement, il ne vous fera que goûter davantage l’offrande quotidienne du très Saint-Sacrifice, comme aussi sa présence, très réelle aussi, dans votre âme par sa grâce. » Il rejoignait ainsi une idée très chère au Père de Foucauld : Jésus est présent en nous par sa grâce, nous le portons où nous sommes, étant des tabernacles vivants, comme la sainte Vierge visitant Élisabeth. Il met dans la bouche de Jésus ces paroles : « Sanctifier les âmes en me portant parmi elles en silence. »
Devenir soi-même un tabernacle
Adorer, laisser Jésus rayonner sur le monde, devenir soi-même tabernacle et ostensoir, voilà comment, à la suite du Père de Foucauld, nous pouvons rendre un culte à la très sainte Eucharistie.
L’oraison de sa fête résume sa spiritualité : « Seigneur, Père très saint, toi qui as appelé le bienheureux Charles, prêtre, à imiter ton Fils Jésus de Nazareth, accorde-nous par son intercession que, nourris de l’Eucharistie, nous progressions chaque jour vers une charité chrétienne plus profonde et une fraternité universelle. »