Replaçons-nous avec les apôtres dans la salle haute. Considérons les émotions présentes dans chaque cœur. Ces hommes à l’endroit précis où Jésus leur a donné l’Eucharistie et les a ordonnés prêtres. Le lieu aussi où chacun d’eux a promis de Lui être fidèle, même jusqu’à la mort. Quelle incroyable tristesse et quelle honte remplissaient alors leurs cœurs. Ils avaient négligé Ses dons et lui avaient fait faux bond misérablement. Peut-être que leur honte a conduit à des récriminations mutuelles, comme cela arrive si souvent.
Ensuite, il y a ce qui se passe à l’extérieur de la chambre haute. Les autorités religieuses qui ont mis Jésus à mort sont toujours au pouvoir. Ne semblerait-il pas raisonnable qu’ils poursuivent les apôtres ? A propos, finalement le jour de Pâques, les apôtres ont entendu parler du tombeau vide. Pierre et Jean y ont couru, sont revenus, et ont dit qu’il était vide. Il n’est pas immédiatement évident que ce soit une bonne nouvelle. S’Il est vivant, comment se comportera-t-il envers eux ? En leur pardonnant ou en les condamnant ? Comment les accueillera-t-Il ? Comment devront-ils l’accueillir ?
Et puis soudain, sans prévenir, Jésus vint et se tint au milieu d’eux. C’est-à-dire au milieu de leur peur, leur honte et leur fragile espoir. Il n’apporte pas de condamnation, pas même de remontrances. Au lieu de cela, Il apporte ce que nous célébrons aujourd’hui. Les paroles et les actes du Seigneur ressuscité dans la chambre haute confèrent et révèlent la Miséricorde Divine.
Tout d’abord, la Miséricorde Divine établit la paix : Il leur dit, « la paix soit avec vous ». Pour les apôtres, entendre ces paroles a dû mettre un baume sur leurs âmes torturées. Il n’est pas revenu pour les condamner mais pour les réconcilier avec Dieu. C’est ce que veut dire « être dans la paix » : être de nouveau uni à Dieu. Le Christ a accompli cette réconciliation sur la crois, et maintenant Il la révèle et l’étend par ces simples mots : La paix soit avec vous.
Cette paix a de nombreuses dimensions. Les apôtres sont tout d’abord réconciliés avec le Père à travers son Fils Jésus Christ. Cette réconciliation ne vient pas par l’intermédiaire d’un quelconque effort de leur part, mais par l’initiative du Père et la miséricorde du Fils. Parce qu’ils sont réconciliés avec le Père, ils sont également réconciliés avec eux-mêmes. Notre séparation d’avec Dieu produit en nous une terrible division. Notre réconciliation avec Lui produit alors dans nos propres cœur une paix, une réconciliation avec nous-mêmes. Cela aussi les met en paix les uns avec les autres. Car seul celui qui est en paix avec Dieu et avec lui-même peut être en paix avec les autres.
Tous, nous désirons la paix et essayons de l’accomplir ou de l’atteindre nous-mêmes. Mais aucune dose d’avancement personnel et de popularité…aucune législation, ni croissance économique, ni renouveau culturel ne peuvent la produire. La paix ne vient que de l’action du Père par son Fils Jésus Christ. C’est une œuvre de la divine miséricorde que nous devrions demander au Père de nous accorder.
Ensuite, la Divine Miséricorde porte les blessures du péché : Quand Il eut dit ceci, Il leur montra Ses mains et son côté. C’est-à-dire qu’il leur montra Ses blessures, les trous dans Ses mains et Son côté, come Thomas avait sagement insisté pour les voir. Contrairement à ce qui passe pour de la miséricorde entre nous, La Divine Miséricorde prend le péché au sérieux. Elle ne dissimule pas et ne prend pas à la légère le mal que nous faisons. Elle ne hausse pas les épaules ni ne dit avec indulgence « ne t’en fais pas…Tout va bien ». La Divine Miséricorde regarde le méché dans toute son horreur et même plus, elle supporte les blessures de nos méchés.
Elle connaît parfaitement nos péchés parce qu’ils l’ont transpercée. Sa miséricorde ne rend pas trivial ce que nous avons fait. Elle garde les blessures, non pas pour nous accuser, ni pour nous condamner, mais pour nous montrer que Son pardon est plus réel que nos péchés plus fort qu’eux.
Troisièmement la Divine Miséricorde a même le pouvoir de ressusciter les morts : Et quand il eut dit cela, Il souffla sur eux et leur dit, « recevez l’Esprit Saint ». Ce geste de souffler a dû être aussi curieux pour les apôtres que pour nous. Mais au moins, ils en ont saisi le sens. Son souffle sur eux n’est pas un simple geste ou un accueil. C’est un signe de ce que Sa miséricorde accomplit.
Nous lisons dans la Genèse : « Le Seigneur Dieu forma l’homme avec la poussière du sol et souffla dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint un être vivant ». C’est le souffle de Dieu qui nous mène à la vie. Maintenant, dans la personne de Jésus, Dieu souffle sur les apôtres pour montrer que Sa miséricorde nous amène à une vie nouvelle, une création nouvelle. Nous sommes amenés à une nouvelle vie par le souffle de Dieu.
Finalement, son pardon prend une forme spécifique : « Ceux à qui vous remettrez leurs péchés, ils leur seront remis, et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus ». Dans ces mots, nous avons le sacrement de confession en germe. Jésus donne à de simples hommes le pouvoir de pardonner les péchés et, de façon significative, la responsabilité de discerner ce qui devrait être pardonné et ce qui devrait être retenu. Comment un homme revêtu d’une telle autorité sait il quoi faire ? Eh bien, cela implique que la personne qui cherche le pardon fasse connaître son âme et son chagrin. Nous appelons cela confession.
Et aussi souvent que nous profitons de ce sacrement, le Christ ressuscité est présent à nous, soufflant Sa nouvelle vie en nous, pour que nous, à notre tour, puissions devenir des instruments et des messagers de Sa miséricorde qui apporte la paix, porte toutes les blessures, et ressuscite les morts.