Les œuvres de Dieu rendues visibles - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Les œuvres de Dieu rendues visibles

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Dans un passage intéressant du chapitre 9 de l’Évangile de Jean, Jésus et ses disciples passent devant un homme « aveugle de naissance ». Ses disciples demandent : « Rabbi, qui a péché pour qu’il soit aveugle de naissance, cet homme ou ses parents ? » C’est une question courante. Les gens voient quelque chose de mauvais, même une catastrophe naturelle comme un cyclone ou un tremblement de terre et ils se demandent : « De qui est-ce la faute ? » Après un tremblement de terre, certains se demandent pourquoi Dieu les « punit ».

Cette tendance n’est pas réservée aux chrétiens. C’était même plus habituel encore dans le monde païen antique. Dans la tragédie de Sophocle « Œdipe roi », la peste ravage Thèbes et le roi Œdipe veut savoir qui est à blâmer. De toute évidence, les dieux punissent Thèbes en raison de la faute de quelqu’un, et Œdipe est déterminé à découvrir le coupable. Il appelle donc le voyant aveugle Tirésias pour qu’il révèle qui est à blâmer.

Bien que doté de la vue, Œdipe est aveugle à la vérité que l’aveugle Tirésias « voit ». Le coupable est Œdipe lui-même. Il a tué son père et épousé sa mère. Donc c’est Œdipe lui-même qui doit souffrir. C’est ce qui arrive.

Les Écritures ont fait tout leur possible pour contrer cette tendance païenne antique. Dans l’Ancien Testament nous trouvons la figure de Job qui est accablé de souffrances bien que n’ayant commis aucun péché. Les tentatives que font ses amis pour convaincre Job qu’il a dû faire quelque chose de mal irritent Dieu et Il les punit.

Dans l’Évangile de Luc, quand Jésus est interrogé à propos des Galiléens « dont le sang a été mêlé à celui de leur sacrifice par Pilate », il réplique : « Croyez que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que les autres Galiléens pour avoir subi cela ? Non, je vous le dis. » « Et les dix-huit personnes tués par l’effondrement de la tour de Siloé ? Pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Non, je vous le dis. » De même, quand les disciples demandent à Jésus : « Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il naisse aveugle ? » il réplique : « Ni lui ni ses parents n’ont péché ; c’est pour que les œuvres de Dieu soient rendues visibles à travers lui. »

Une façon de comprendre cette dernière phrase est de dire que, puisque la cécité de l’homme va bientôt être guérie par Jésus, il est né aveugle afin que Jésus puisse le guérir. Jésus ne pouvait pas guérir sa cécité s’il n’était pas aveugle, et la guérison n’aurait pas été aussi spectaculaire si l’homme n’avait pas été « aveugle-né ». (« Jamais depuis que le monde est monde on n’a entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né » dit l’homme guéri aux Pharisiens.)

Il y a de la vérité là-dedans, mais il y a aussi des difficultés. Si je rends aveugle un homme afin de pouvoir restaurer sa vue, cela semble plus hypocrite que noble. Si je vole votre argent afin de pouvoir glorieusement vous le restituer une semaine plus tard, alors je ne fais que poser au bienfaiteur.

Le Christ est rarement intéressé à simplement donner des signes spectaculaires de sa puissance. De fait, il critique ceux qui sont constamment à la recherche de tels « signes ». « Montre-nous que tu est Dieu en nous montrant ta puissance. Frappe quelqu’un d’un éclair. Provoque une tempête. Cela nous convaincrait.  » Cela les convaincrait de quoi ? Qu’il est l’un de ces dieux païens qui tourmentent constamment l’humanité ? Probablement. Qu’Il est le Dieu d’amour qui se dépouille Lui-même de Sa divinité pour demeurer avec nous dans notre humanité ? Pas tellement.

Donc, si le Christ n’est pas intéressé à « se montrer », que fait-Il ? Nous n’avons pas besoin de nier qu’Il a l’intention de guérir l’aveugle-né, et c’est en partie la raison pour laquelle Il dit que l’homme est né aveugle, « afin que les œuvres de Dieu soient rendues visibles à travers lui ». (C’est une ironie intéressante que quelque chose soit « rendu visible » par le canal d’un homme aveugle.) Mais peut-être qu’Il a davantage en tête.

Si nous devons être « comme le Christ », alors nous devrions peut-être nous dire : « Nous sommes appelés à faire de même. Nous devons être le corps du Christ maintenant. Nous sommes appelés à guérir les aveugles et les estropiés, soigner les malades et prendre soin des pauvres. » « Ce que vous avez fait au plus petit de ceux-ci, c’est à moi que vous l’avez fait. »

Parfait jusqu’ici. Mais si le Christ veut dire quelque chose d’encore plus spectaculaire ? Si nous sommes capables de soigner les aveugles et les estropiés, nous devons le faire. Mais si nous en sommes incapables ? Comment alors les « œuvres de Dieu sont-elles rendues visibles » ? N’est-ce pas dans la façon dont nous en prenons soin ? Et si les aveugles et les estropiés ne sont pas haïs et punis par Dieu mais sont des cadeaux spéciaux de Son amour pour nous ? Et si nous étions appelés à les voir avec des yeux neufs : non comme tristes et pitoyables mais comme ceux que nous sommes appelés à aimer, et en cette qualité, comme des cadeaux nous permettant de devenir plus véritablement « semblables à Dieu », non comme les dieux païens, mais « semblables au Christ » ?

Peut-être que si notre vue était guérie, nous verrions différemment et que nous jugerions une culture non par le nombre de grands immeubles construits, l’or accumulé, la puissance de son armée mais par la façon dont elle traite les plus faibles d’entre nous. Certaines personnes regardent les catastrophes naturelles comme une occasion où les humains peuvent briller par des actes de bravoure. Assez vrai. Mais si, de manière analogue, nous regardions les handicapés comme des dons d’amour appelant l’amour du Christ ?

Trop souvent, nous valorisons la force et la domination. Mais ce n’est pas la voie du Christ, la voie de la vie. Lorsqu’il nous est donné l’occasion de nous arrêter et de prendre conscience que la valeur de notre vie et la force de notre société dépendent de la façon dont nous traitons les plus faibles d’entre nous – les handicapés, les personnes âgées, les enfants à naître – alors nous pouvons devenir forts de la force du Christ, et nous devrions être reconnaissant que Dieu nous offre ce don et ce privilège.