Devenir ou demeurer catholique est devenu de plus en plus couteux depuis un certain temps. Cela pourrait inclure le coût économique, je suppose, mais je n’ai vu aucun chiffre. Je pourrais mentionner le coût dans ma petite vie, mais cela risquerait de ne pas être probant.
Je considère plutôt le coût général, qui comporte de nombreuses dimensions psychologiques et sociales, tandis que le catholicisme perd de sa popularité. Mon propre champ d’observation est le Canada, mais j’ose dire qu’il y a quelque chose de similaire dans le cas des États Unis. En tous cas, commençons par mon propre champ, le Grand Nord, « fort et libre ».
Nous avions, au point de vue démographique, les canadiens français, des immigrants de toutes sortes, à un moment donné, surtout des irlandais, et des « autochtones ». Dans l’hypothèse que les gens savent s’aimer, ceci nous donnait au moins un tiers de la population, parfois la moitié, et selon le lieu, (Le lieu, le lieu, c’est très important) parfois la totalité. De l’amour partout. Certainement, nous étions suffisamment établis pour que l’habitude se prenne de nous traiter avec politesse.
On pouvait dire qu’on était catholique, et cela passait sans blessure sérieuse. Ce n’était pas vrai partout, bien sûr, mais je le présente en règle générale. Il se peut que les catholiques aient été détestés par les protestants, mais globalement, ils le gardaient pour eux, sauf après les matchs de Hockey et les défilés. Mais en temps ordinaires, les canadiens n’étaient pas des fanatiques, surtout ils n’allaient pas jusqu’au meurtre. Au pire, ils étaient provinciaux et imbus d’eux-mêmes.
Je me place d’un point de vue historique. Notre système éducatif était provincial, littéralement, et des efforts avaient été faits pour faire cohabiter le « fait catholique », et le « fait français ». En effet, comme ailleurs dans le monde, les catholiques avaient la réputation d’être bons pour les écoles – pas forcément comme étudiants, mais plutôt comme fondateurs et administrateurs d’écoles.
Des ordres religieux et des organisations catholiques, tels que les oblates de Marie Immaculée (juste un exemple au hasard), étaient nécessaires à notre gouvernement laïc pour gérer les collèges les plus difficiles au XIXe siècle. C’était un parmi une longue chaîne « d’internats pour indiens » qui, le lecteur peut bien l’imaginer, ont apporté la lumière de la civilisation dans beaucoup d’endroits improbables.
Bon, il est possible que j’aie dit quelque chose de politiquement incorrect. Ce n’est pas à la mode de parler de civilisation. Mais il est également démodé de parler de religion, et aujourd’hui, spécialement de la religion catholique. Mais comme ces choses-là vont souvent ensemble, je n’ai guère le choix.
Les modes changent avec le temps. Il faut imaginer une époque d’avant le temps présent. Les attitudes envers l’éducation étaient assez différentes il y a cent ans, et dans les années qui ont suivi, aussi il ne suffit pas d’avoir des informations, il faut aussi de l’intelligence, pour pouvoir juger le passé. Il en est de même pour les hypothèses médicales et même en matière de technologie, comme nous le verrons.
Exemple : les antibiotiques, actuellement tout à fait courants, mais complètement inconnus avant Alexandre Fleming qui a découvert la pénicilline en 1928. C’est l’une de ces « drogues miracle » qui ont sauvé des vies par millions depuis lors.
Nous avons tendance à oublier que les enfants mouraient de la rougeole et de beaucoup d’autres infections dont nous pourrions rire aujourd’hui. Mais la mort est la mort, et le droit d’en rire, nous l’avons acquis. Et puis il y avait la diphtérie, la coqueluche, le tétanos, la variole et la tuberculose comme tueurs de petits enfants. Parmi mes lecteurs, les mordus de généalogie en apprécieront le bilan, même dans leurs propres histoires de famille. Si vous étiez petit, en ces temps-là, votre vie était constamment menacée, à la maison, dans la rue, à l’école et dans les internats.
On a dit beaucoup de choses, on a beaucoup spéculé, à propos de l’abandon des plus âgés ; mais la mort nous pourchassait, que nous soyons négligés ou pas. Bien sûr, les humains étant malheureusement capables de méchanceté, il y avait d’autres tristes causes de morts ; et certains enfants abandonnés, orphelins et imprudents, trouvaient d’autres fins.
La découverte de tombes sans inscriptions de peut-être 215 enfants près de l’internat de Kamploops fait sensation au Canada pour le moment. Cela date d’avant la « Commission pour la vérité et la réconciliation » fondée en 2008. Un de leurs problèmes est l’absence d’information pour ce qui est antérieur à la Seconde Guerre mondiale. Comme partie de l’effort de guerre, le papier a été récupéré pour faire du papier recyclable. De même, les organismes de l’Église catholique n’ont pas toujours donné tous les registres d’église et en ont gardé certains qu’ils jugeaient hors de propos – quoique les antis catholiques soient convaincus qu’il s’agit un sombre mystère.
En ces circonstances, ni moi, ni personne n’est susceptible d’en apprendre beaucoup plus sur la manière dont ces enfants sont morts ; ni exactement où ils furent enterrés. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas apprendre grand-chose de leurs histoires personnelles. Je me suis lancé il y a des années dans la controverse, comme l’une des rares et précieuses personnes qui examinaient l’affaire avec l’esprit ouvert – et j’ai été fustigé par certains lecteurs. D’un autre côté, en remerciements de mes efforts, j’ai commencé à recevoir des lettres et des documents de la part d’indiens qui avaient été dans ces fameuses écoles.
La première chose que j’ai remarquée est que bien que les catholiques et les anglicans aient été les éducateurs, ces écoles étaient des écoles publiques avec des inspecteurs du gouvernement. Plus intéressant encore, les élèves gardaient de leur expérience un souvenir globalement heureux. Beaucoup disaient que leurs vies avaient été sauvées par leurs professeurs. Ils décrivaient comment ils étaient issus de familles indiennes pauvres dans lesquelles ils avaient souvent été brutalisés ; par des parents qui dans bien des cas, étaient perdus dans l’alcool.
Selon le principal livre écrit sur ce sujet, « A National Crime » de John Milloy, le projet venait de « La nation qui construit un projet », de Sir John A. Macdonald, et était un plan pour améliorer la sécurité nationale contre le risque de rébellion des indiens. C’était une espèce de génocide. L’Église maintenant en est rendue responsable par les media, et la « journée du Canada » est régulièrement annulée.
Il y a de quoi être en colère, avec peu d’information, encore moins de scepticisme, mais une grande haine ouverte contre l’Eglise catholique. Des groupes indiens radicaux et d’autres qui se dressent pour faire des profits en faisant des démonstrations de victimisation, se sont mis en rang. Il y a de l’argent pour tout le monde.
Mais alors, on dit que les catholiques sont « privilégiés ». Et je confirme. Il n’y a pas de prix trop élevé.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- CE QUE DIT LE FER À REPASSER
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- PETITES ET GRANDES ÉNIGMES DE L’ESPACE