Terry MacAuliffe, qui a été et sera peut-être le gouverneur de Virginie, a dit, la semaine dernière, au cours d’un des débats de sa campagne, quelque chose qui a surpris beaucoup d’entre nous qui aurions pensé que rien de la politique américaine ne pouvait plus nous surprendre : « Je ne pense pas que les parents devraient dire aux écoles ce qu’elles devraient enseigner. »
Maintenant, en Amérique, ce sont les États et les gens de la localité qui gèrent les écoles. La Constitution ne donne au gouvernement fédéral aucune autorité sur l’éducation (malgré la création par Jimmy Carter d’un Département de l’Éducation, qui coûte presque un quart de milliard par an).
Vous pourriez répondre que les parents et les autres électeurs dans une juridiction donnée ont déjà exprimé leurs préférences en choisissant des maires, des directeurs d’école etc. Mais, comme dans tout contexte démocrate, cela ne signifie pas qu’ensuite ces autorités existent dans un royaume au-delà de toute critique – et même de révocation – si les parents qui sont électeurs et contribuables sont indignés de la conduite de leur gestion.
L’enseignement social catholique aussi maintient que « les parents ont la première responsabilité de l’éducation de leurs enfants » (Catéchisme de l’Église catholique, §2223). McAuliffe est diplômé de la High Scool Mgr Ludden à Syracuse, N.Y., de l’Université Catholique américaine, et du Centre de droit de Georgetown. Mais, apparemment, ce principe ne le concerne pas.
Dans le récent débat il ne parlait pas vraiment de la pratique américaine ou du principe catholique, il essayait de signaler à plusieurs circonscriptions locales qu’il était avec elles. La politique scolaire en Virginie est récemment devenue si toxique que des explosions étaient inévitables. Et il a fait clairement savoir de quel côté il était.
Deux questions en particulier ont enflammé les assemblées des directions d’école – déjà insurrectionnelles – ces derniers mois. D’abord, une direction entièrement démocrate à Fairfax en Virginie (d’où cet article est écrit), promouvant vigoureusement une “Théorie Critique de la Race” (CRT). Non pas examinant, non pas discutant, promouvant.
C’est allé jusqu’à payer 20.000 $ à Ibram X. Kendi, un des architectes de la CRT, pour une conférence de seulement 45 minutes suivie de questions pendant 15 minutes. Presque 300 $ la minute a remarqué un critique – pendant que les écoles ne cessent de crier misère. Kendi est célèbre pour soutenir que la discrimination passée contre les noirs ne peut être remédié que par une discrimination actuelle contre les blancs, une position que lui et d’autres appellent « antiraciste ».
On ne sera pas surpris, dès lors, que les parents, y compris des parents noirs, soient rendus furieux par ce racisme inversé, mascarade de la justice, et par les écoles qui enseignent aux enfants qu’ils sont « racistes » parce qu’ils sont blancs.
Plus récemment, une controverse s’est élevée à propos de deux livres – Lawn Boy [“Le garçon de la pelouse”] et Gender Queer [« Genre bizarre »] – ce portrait sexuellement explicite d’actes « homoérotiques », l’un montrant à un garçon comment pratiquer la fellation sur un adulte. La direction de Fairfax a écarté provisoirement les livres des bibliothèques de l’école et a engagé une commission pour étudier si leur contenu était « pornographique ». La politique peut contraindre la commission à faire ce qu’il faut mais les bibliothécaires d’aujourd’hui ne sont pas les bien-pensants des années passées. L’American Library Association [l’Association américaine des bibliothécaires] a « honoré » les deux livres comme ayant « un intérêt particulier pour les jeunes adultes de 12 à 18 ans. » (L’âge de 12 ans est-il devenu aujourd’hui une âge adulte pour les actes sexuels ?)
La politique démocratique est un processus qui nous permet de débattre sur les moyens d’organiser nos vies ensemble. En tant que telle, elle exige une confiance dans certains principes de base, dont le moindre n’est pas le respect des opinions des autres même quand nous essayons de vivre avec une autre opinion. Et cela veut dire souvent de ne pas mettre les conflits sur la place publique, là où vivre-et-laisser-vivre devient alors impossible.
Dans toutes les conversations de ces derniers jours sur la « diversité », le terme ne doit pas réellement signifier tolérer le groupe de gens le plus vaste possible. Cela signifie, plus significativement, privilégier des groupes libéraux en faveur – gays, trans, « gens de couleur” » – même si l’impartialité devrait être détournée de le faire. La division la plus radicale, bien sûr, est entre la moitié, approximativement, de la nation qui suit encore les préceptes du Christ et la moitié qui voit ces préceptes, de différentes façons, comme biaisés et même comme parole de haine.
De plus, toute personne saine d’esprit peut voir que le racisme – y compris le racisme inversé – et la pornographie homo-érotique – comme la pornographie hétérosexuelle – n’ont rien à faire avec un véritable dialogue entre citoyens, tout politiquement corrects qu’ils peuvent être dans la manière dont ils se présentent. Le mieux est de les tenir en dehors de l’État – exactement comme nous ne voulons pas que le cauchemar de l’État enseigne la religion.
McAuliffe fait appel à ces administrations locales qui désirent que l’insistance que l’on met actuellement sur les intérêts CRT ou LGBT existe aussi à l’école. Les parents qui s’opposent à cette imposition n’essaient pas de dire aux écoles « ce qu’elles devraient enseigner ». C’est pour embrouiller les choses qu’on le dit. Les parents savent très bien – c’est la raison pour laquelle ils envoient leurs enfants dans les écoles du gouvernement – que les maîtres savent, mieux qu’ils ne le font eux-mêmes, comment apprendre aux étudiants de différents niveaux les mathématiques, les sciences, la géographie, à lire et à écrire, et bien d’autres sujets. C’est leur prérogative.
La protestation met en cause leur enseignement d’un racisme inversé au lieu de l’ancien idéal américain de l’égalité devant la loi. Et à un niveau même plus fondamental, cela résulte non pas seulement d’une discussion des mœurs sexuelles actuelles, mais c’est un défi délibéré aux traditions religieuses.
Je ne sais si la récente révolte des parents réussira. Terry MacAuliffe fait nettement le pari que non. Il a signalé l’autre jour à des directions d’écoles progressistes, à des maîtres, des consultants en diversité et des media qu’il est leur homme, non leur opposant, Glenn Youngkin1.
S’il l’emporte, ce sera la faute des parents. Il y a une vingtaine d’années, mes deux aînés étaient dans l’enseignement secondaire à Fairfax. Le comté bénéficia d’un programme d’éducation sexuelle hautement discutable – mais les parents pouvaient choisir de ne pas y participer. C’est ce que nous avons fait. Mais dans un endroit du pays avec une population hautement éduquée et politiquement engagée et autant de conservateurs que de libéraux, seuls deux étudiants n’ont pas participé : ma fille et le fils de l’un des présidents de Choke Colson à la Prison Fellowship. La plupart des parents, j’en ai bien peur, veulent seulement que leurs enfants s’adaptent.
Les enjeux sont même placés plus hauts aujourd’hui et dans différents États les parents sont motivés. Mais la révolte devra s’étendre davantage pour réussir. Si vous envoyez encore vos enfants dans des écoles d’État, pour une raison ou pour une autre, ou bien tirez-les de là ou bien impliquez-vous. Sinon, vous ne pourrez pas vous plaindre que les révolutionnaires de la sexualité, les consultants antiracistes et autres radicaux soient en train de ruiner la vie de vos enfants et la vôtre.