La parole venant de la croix est l’évangile de Paul – le message qu’il a annoncé aux Juifs et aux païens. C’est un simple témoignage, sans une trace de grandiloquence, sans aucun effort pour convaincre sur le terrain de la raison. Il tire toute sa force de ce qu’il proclame. Et c’est la croix du Christ, c’est-à-dire la mort du Christ sur la croix, et le Christ crucifié Lui-même.
Le Christ est puissance de Dieu et sagesse de Dieu, non seulement comme quelqu’un envoyé par Dieu, comme Fils de Dieu qui est Dieu Lui-même, mais comme le Crucifié. Car la mort sur la croix est la solution de salut inventée par la sagesse insondable de Dieu. Pour montrer que la puissance humaine et la sagesse humaine sont incapables d’accomplir le salut, Il donne le pouvoir de sauver à ce qui paraît, d’un point de vue humain, faible et insensé, à Lui qui veut n’être rien par Lui-même, mais permet au seul pouvoir de Dieu d’agir en Lui, qui s’est « anéanti Lui-même » et s’est fait obéissant jusqu’à la mort sur la croix ».
Le pouvoir de sauver : voilà le pouvoir qui fait renaître ceux en qui la vie divine est morte par le péché. Ce pouvoir de sauver a pénétré la Parole sur la croix et se transmet par cette parole à tous ceux qui la reçoivent, qui s’ouvrent à elle, sans demander de signes miraculeux ou de raisons humainement raisonnables. En eux elle devient le pouvoir qui donne la vie et la forme, pouvoir que nous avons appelé Science de la Croix.
Paul l’a pleinement accompli en lui-même : « A travers la loi, je suis mort à la loi pour pouvoir vivre en Dieu. J’ai été crucifié avec le Christ ; ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ; et la vie que j’expérimente maintenant dans ma chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et a donné sa vie pour moi. »
En ces jours où tout est devenu ténèbres autour de lui, mais où la lumière a rempli son âme, celui qui était plein de zèle pour la loi a réalisé que la loi n’était que le tuteur sur le chemin du Christ. Elle pouvait préparer à recevoir la vie, mais par elle-même ne pouvait donner la vie. Le Christ a pris le joug de la loi sur Lui-même en ce qu’il l’a pleinement accomplie et qu’Il est mort pour et à travers la loi.
Et c’est ainsi qu’Il a libéré de la Loi ceux qui voulaient recevoir de Lui la vie. Mais ils ne peuvent la recevoir que s’ils renoncent à leur propre vie. Car ceux qui sont baptisés dans le Christ son baptisés dans sa mort. Ils sont immergés dans sa vie pour devenir membres de son corps et ainsi souffrir et mourir pour Lui mais aussi ressusciter avec Lui à la vie divine et éternelle.
Cette vie ne sera la nôtre dans sa plénitude que sur le chemin de la gloire. Mais même maintenant, nous y avons part – « dans notre chair » – dans la mesure où nous croyons : dans la mesure où nous croyons que le Christ est mort pour nous, pour nous donner la vie.
C’est cette foi qui nous unit à Lui comme les membres du corps sont unis à la tête, et ouvre pour nous le flot de sa vie. Ainsi, la foi dans le Crucifié – une foi vivante jointe à un abandon dans l’amour – est pour nous l’entrée dan la vie et le commencement de la gloire future.
Aussi, la croix est notre seul motif de gloire : « Loin de moi de me glorifier, excepté dans la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde a été crucifié pour moi, et moi pour le monde. » Celui qui a choisi le Christ est mort pour le monde et le monde pour lui. Il porte dans son corps les marques des blessures du Seigneur, il est faible et méprisé par les gens mais c’est précisément ainsi qu’il est fort car la puissance de Dieu se manifeste dans la faiblesse.
Sachant cela, le disciple de Jésus non seulement prend la croix qui est posée sur lui, mais également se crucifie lui-même : « Ceux qui appartiennent au Christ Jésus ont crucifié leur chair avec ses passions et ses désirs ». Ils ont mené une bataille acharnée contre leur nature, pour que la vie de péché puisse mourir en eux, et laisser la place à la vie de l’esprit.
C’est cette dernière chose qui est importante. La croix n’a pas de but en soi. Elle s’élève haut, et montre le ciel. Mais elle n’est pas seulement un signal – elle est l’arme puissante du Christ ; la fronde de berger avec laquelle le divin David s’avance contre le diabolique Goliath ; avec elle, il frappe puissamment contre les grilles du ciel et les ouvre en grand. Alors, des flots de lumière divine s’écoulent et enveloppent tous ceux qui suivent le Crucifié.