Out of Africa - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Out of Africa

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Longtemps des étudiants en religion ont répété que l’Afrique était l’avenir du christianisme. Il y a vingt ans, Philip Jenkins soutenait, dans son livre, toujours éclairant, The Next Kingdom : The Coming of Global Christianity, qu’en 2050 il y aurait plus de catholiques dans l’Afrique sub-saharienne qu’en Europe, et à la fin du siècle, plus que dans le monde entier. (Et c’était avant la chute brutale du nombre de chrétiens en Europe et en Amérique). Il prédisait aussi que le christianisme “global”, qui prend ses formes les plus dynamiques (à la fois catholique et évangélique) en Afrique et en Asie, modifierait le visage des églises dans le reste du monde.

Je dois avouer que la première fois que j’ai lu cela, juste après la parution du livre, j’ai admis que Jenkins avait raison, ne serait-ce qu’à cause de la croissance manifeste de la population en Afrique. Mais si vous réfléchissez un peu à la question, la croissance de l’Église n’est pas automatique. Les enfants abandonnent la foi reçue de leurs parents, les parents eux-mêmes s’éloignent ou deviennent indifférents, d’autres influences -notamment les incursions militantes de l’Islam ou l’infiltration économique par les Chinois – peuvent détourner le peuple dans différentes parties du monde développé. Il faut à l’évangélisation – non pas nos craintes de pays industrialisés de “faire du prosélytisme, mais une vigoureuse présentation de l’Évangile et de la vérité sur le Dieu vivant – de transmettre la foi à travers les générations, même en Afrique.

Heureusement les effets de cette évangélisation ne restent pas confinés en Afrique. Au cours des derniers synodes à Rome, les évêques africains ont vaillamment maintenu la droite ligne sur des sujets comme le mariage, l’homosexualité, et la formation des jeunes. Le cardinal Kasper, dont le travail, aux deux synodes sur la famille, a aidé à mettre sur le tapis la question de la communion des divorcés et remariés, fut tellement exaspéré quand les choses n’allaient pas dans la direction qu’il souhaitait qu’on a un enregistrement de lui disant “ils [les Africains]ne devraient pas nous dire trop ce que nous devons faire.” Si vous êtes de son avis sur les voies que l’Église devrait prendre, bien sûr, il avait raison. Ces sociétés traditionnelles ne sont pas intimidées par ce qu’elles voient se produire dans nos cultures désorientées et -disons-le franchement – décadentes.

Pour certains hommes d’Église, c’est une menace potentielle. Quand vous voyez une photo comme celle de gens réellement heureux et dévoués à leur Foi, vous réalisez ce que l’Église pourrait redevenir si elle retournait à ses racines et usaient de ses ressources comme il convient.

J’ai assisté ce dernier vendredi à une collecte de fonds pour l’église de Notre-Dame de Guadalupe au Togo. Ces collectes dans la capitale de notre nation sont des affaires typiquement mélancoliques. Avec tout le battage publicitaire, les ambitions, et la présence du beau monde, ce sont presque toujours des événements où des élites de différentes sortes font de l’épate et promettent le salut politique. Dépendant d’une cause spécifique, le support financier peut, il est vrai, empêcher les choses de s’aggraver, pour un temps. Quelques institutions comme la Marche pour la Vie ou le Centre Catholique d’Information vont plus loin. Mais après des années de présence à ces diners de collectes de fonds, j’en suis venu à la conclusion que les profonds changements dont nous avons réellement besoin, s’ils viennent, viendront par un autre chemin, peut-être même d’ailleurs.

En disant cela je veux parler des efforts que font, par exemple, nos assemblées modestes mais sincères pour soutenir l’église de mission du Togo de Notre-Dame de Guadalupe. Pendant douze ans Mary et Eberstadt les ont accueillies – juste 40 ou 50 d’entre nous- dans le jardin attenant à leur maison (pendant deux ans il fallait se contenter d’Internet à cause du Covid, mais, ce dernier vendredi, nous étions de retour). La mission a eu ses défis et même ses déceptions. Mais pendant plus de dix ans, elle a offert un témoignage de ce qu’une mission, même dans notre époque post-moderne troublée et chaotique dans l’Église et le monde devait toujours être.

Lors de la première collecte, le but était de trouver les modestes ressources pour, simplement, le creusement d’un puits. Grâce aux efforts énergiques du père William Ryan, un missionnaire américain, les choses ont un peu change au cours de ces dernières dix années. Cette année il a besoin de construire un dortoir de filles pour y loger simplement quelques-uns des 1300 étudiants qui vont à l’école qu’il a créée.

À la différence d’autres efforts missionnaires, la Mission du Togi ne prévoit pas de dépendre pour toujours de donations américaines ou étrangères. Le père Ryan veut aider les Africains à être autosuffisants de différentes façons. Il a pour l’assister dans sa tâche un prêtre indigène et a a envoyé un couple de ses villageois au séminaire et couvents. Une congrégation française de sœurs africaines est en charge de l’école. Sur l’aspect spécifiquement économique, cette année passée la recherche de l’auto-suffisance voulait dire acheter et planter 2000 orangers, installer des champs de palmiers, et développer d’autres cultures pour aider le village.

La principale mission d’une mission, bien sûr, est de prêcher l’Évangile. Pour l’année précédente seulement, le père Bill a baptisé 47 enfants, qui ont aussi fait leur Première communion en même temps que 32 autres baptisés précédemment, pour un total de 79 qui ont reçu l’Eucharistie pour la première fois. Ces nombres sont impressionnants en eux-mêmes – dans toute entreprise cette forme de croissance reflèterait un grand dynamisme. Mais que l’Église catholique produise encore à notre propre époque de telles merveilles, quand tant ont si piètre allure dans les lieux qui ont été la demeure historique du christianisme, ouvre une nouvelle et toute fraîche perspective devant nous.

Ces jours-ci, je me suis parfois demandé où verser des dons. Même quelques agences de secours catholique ont récemment introduit le contrôle de la population et d’autres compromissions moralement suspects dans leur travail par ailleurs de bonne qualité. C’est une raison qui me fait maintenant soutenir des efforts comme ceux de l’Église missionnaire du Togo. Et j’espère que vous le ferez aussi.