La douceur de vivre - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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La douceur de vivre

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Sainte Thérèse de Lisieux

Sainte Thérèse de Lisieux

Il y avait une poignée de blagues que Michael Novak racontait régulièrement. L’une se présentait ainsi : « le pessimiste dit ‘les choses ne peuvent aller plus mal’ ; l’optimiste dit : ‘oh mais si !’ » Une autre était : « dans un mariage équilibré, le mari a toujours le dernier mot et c’est ‘oui, chérie’ ». J’ai appris de Novak, ou du moins j’ai appris à admirer, une certaine équanimité et objectivité. Qui, il est vrai, inclut un sens de l’humour prêt à l’emploi qui remet en perspective même les problèmes sérieux.

J’ai repensé à lui récemment en relisant L’histoire d’une âme de sainte Thérèse de Lisieux. Novak était convaincu que la propagation étonnamment rapide de la dévotion envers sainte Thérèse à travers l’Europe préparait le chemin pour la grande « Renaissance catholique » en idées et écrits de la première partie du siècle. Novak voyait le 20e siècle avec ses crises comme délimité par un arc au sein de L’Église, entre l’enseignement de la Petite Fleur au début et celui de Jean-Paul II à la fin.

Je n’avais jamais compris son insistance sur sainte Thérèse. Le pape Léon XIII était certainement plus important avec ses grandes encycliques sur les questions sociales et sa promotion de saint Thomas d’Aquin comme remède aux tendances modernes malencontreuses ? Et pourtant, maintenant, en relisant sainte Thérèse, je pense saisir son point de vue.

Je suis en train de la lire en français, ce que je recommande à quiconque est capable de le faire. Ce que j’ai trouvé, exprimé avec une grande finesse de sentiment et une retenue presque classique – dans un style semblable à la grande poésie par sa recherche et sa densité – c’est la vie intérieure d’une enfant, préservée et magnifiée par l’action de l’Esprit Saint. J’ai vu la même chose chez mes enfants et d’autres l’ont vu dans une vie de famille chrétienne.

Pour moi, passer du temps avec sainte Thérèse se révèle être une consolation immense parce qu’elle montre si merveilleusement la vérité de l’Évangile. Elle communique également la joie du Ciel parce que son cœur est installé au Ciel. Et cela a été dans cette joie, ce repos dans le Seigneur en compagnie de sainte Thérèse, ce délassement dans la vie familiale de la maisonnée de Dieu, que je pense avoir commencé à saisir le point de vue de Novak.

Je l’exprimerais de cette manière : au milieu des crises, nous avons besoin de consolations et Dieu nous les a données. Alors nous ne devrions pas les bonder. Au contraire nous devrions les désirer et nous en emparer.

A propos des consolations, justement, le mot signifie réconfort (et même bonheur) au milieu de la tristesse, venu habituellement de quelqu’un étant avec nous et nous montrant de la compassion. Vous avez peut-être entendu dire que les chrétiens « ne devaient pas chercher les consolations ». Ce que ce sage dicton veut dire, je pense, est que nous ne devrions pas faire du plaisir intérieur la norme des pratiques spirituelles, par exemple prier seulement quand cela nous donne un sentiment de bien-être. Cela signifie également que nous devrions éviter de cultiver délibérément de tels plaisirs en essayant de nous consoler nous-mêmes, en nous apitoyant sur nous-mêmes.

Et pourtant nous devrions rechercher les consolations de Dieu et ne pas manquer de reconnaître que nous en avons besoin. Après tout, un autre nom de l’Esprit Saint est le Consolateur. «  O Consolateur, approche, apparaît dans mon cœur et allume-le, lui conférant ta sainte flamme .» Le pape Benoît, dans sa merveilleuse encyclique sur l’amour « Deus Caritas Est » (toujours aussi actuelle) a enseigné que les chrétiens avaient besoin de nourrir leur âme avant d’aider les autres : « Il est temps de réaffirmer l’importance de la prière face à l’activisme et au sécularisme grandissants de beaucoup de chrétiens engagés dans des œuvres charitables. Il est clair que le chrétien qui prie ne se proclame pas capable de changer les plans de Dieu ou de corriger ce qu’il a prévu. Il cherche plutôt à rencontrer le Père de Jésus-Christ, demandant à Dieu d’être présent avec les consolations de l’Esprit pour lui et pour son ouvrage. » (n.37)

Je suis récemment tombé sur un livre publié en 1954 : « Les consolations du catholicisme ». Il a des chapitres correspondant grosso modo au points principaux du catéchisme – Dieu, Jésus-Christ, L’Église, la communion des saints, la vie de la grâce, la foi, les sacrements, la prière, Marie, les dons de l’Esprit, la Croix, la vie éternelle. Sous chaque titre, il y a une page ou un paragraphe extrait d’auteurs spirituels, dont des grands saints de l’histoire (Saint Alphonse de Liguori, Saint Augustin) et de grands théologiens (le cardinal Newman, le père Joseph Scheeben) mais également surtout de nombreux prêtres qui étaient à cette époque des enseignants reconnus et estimés, les pères Joseph Rickaby, Vincent McNabb, Edward F. Garesché, Antonin Sertillange Cuthbert, Leo Trese, Mgr. Knox.

Les pensées qui se sont succédé dans mon esprit quand j’ai découvert ce livre étaient celles-ci :

• Ah oui, je me rappelle comment, nouveau converti, la réalité de tant de vérité catholique non entachée d’erreur (dans le protestantisme, je ne pouvais y échapper) m’a rempli de tant de joie. C’était comme découvrir une oasis dans une terre aride.

• Pourtant les catholiques ne lisent généralement plus ce genre de choses mais ils semblent préoccupés par des batailles internet concernant le pape, les scandales sexuels, le virus, etc. ce qui les rend amers et donne à beaucoup d’entre nous une personnalité peu attrayante.

• Nous avons été coupés de cette sorte de littérature, à tort, en raison de mauvaises interprétations du Concile Vatican II. Dans les années 60 « Consolations du catholicisme » aurait sûrement été rejeté comme « pré-conciliaire ». Mais les apports de ce livre sont aussi vrais maintenant qu’ils l’étaient en 1954.

• Pourquoi y -t-il actuellement si peu de prêtres d’une telle stature et visibilité ? Ils existent mais l’Église comme institution semble incapable de les mettre en avant.

• Je crains que nous ne préférions être contrariés que consolés.

Pourtant nous avons besoin de ces consolations. « Ô Dieu, qui par la lumière de l’Esprit Saint a instruit les cœurs des fidèles, accorde que par le même Esprit Saint nous soyons vraiment vertueux et sachions toujours apprécier Ses consolations. »