La carrière de Grégoire est toute tracée. Fils du sénateur romain Gordien et de Silvie, remarquable femme, il est l’arrière-petit-fils du pape Félix III, élu après être devenu veuf. Très intelligent, après des études brillantes, il devient préfet de Rome, organisateur remarquable de la Cité.
À la mort de son père, tout bascule. Devenu un des plus riches propriétaires de Rome, il vend tous ses biens, fonde six monastères en Sicile et transforme la maison familiale du Caelius en couvent. Abandonnant la toge préfectorale, il revêt l’habit monastique. Sa joie de reclus ne dure pas. Le pape Pélage II l’envoie comme nonce – on dit « apocrisiaire » – à Constantinople, auprès de l’empereur, régler quelques litiges délicats. Il s’en acquitte loyalement, revient à Rome avec plusieurs reliques insignes : un bras de saint André et la tête de saint Luc qu’il apporte dans son monastère dont il devient, malgré lui, abbé. Appelé comme secrétaire du pape, il est choisi comme son successeur. L’empereur confirme cette élection à laquelle il veut se dérober.
Pendant quatorze ans il déploie une activité pastorale extraordinaire, s’attaquant aux hérésies, aux abus du clergé, distribuant les richesses de l’Église pour le soin des pauvres, légiférant en liturgie et particulièrement pour le chant sacré qui portera désormais son nom : le grégorien. Il envoie des missionnaires en Grande-Bretagne, ce qui lui vaut l’observation suivante : « Il a conquis l’Angleterre avec 40 moines, alors que César avait eu besoin de six légions. » Il réaffirme l’autorité du Pontife romain et lui donne le titre toujours actuel de « serviteur des serviteurs de Dieu ». Sa parole claire et imagée nous est parvenue dans de nombreux écrits théologiques, lettres et homélies. Il écrit la vie de saint Benoît et promeut la vie monastique avec efficacité et intelligence. Il traite avec les Lombards et autres barbares, apaise les querelles et, épuisé, malade et souffrant, meurt le 12 mars 604 à 64 ans. La réforme du calendrier fixe sa fête, non au jour de sa mort mais au jour de son élection au siège de Pierre, le 3 septembre 590. Il est considéré comme le patron des chantres.
Étymologie du nom
Du grec gregorios « réveillé, veilleur », mais également « à l’esprit vif ».
Célébrités
Plus de 30 saints portent ce nom et seize papes dont le dernier au XIXe siècle.
Le calendrier actuel dit « grégorien » ne doit pas son nom à notre saint mais à un de ses successeurs, Grégoire XIII qui en 1582 réformera le calendrier julien.
Courte prière de saint Grégoire
« Dieu tout-puissant, ne laisse pas le péché nous abattre, ne laisse pas l’orgueil nous élever. »