La force de la Croix - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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La force de la Croix

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Yvonne-AIméeur son lit d'hôpital, après une guérison soudaine et inexpliquée en 1927.

Yvonne-AIméeur son lit d'hôpital, après une guérison soudaine et inexpliquée en 1927.

© AMJ – Malestroit

La grande Histoire, souvent constituée de chaos, de bruit et de fureur, masque souvent une face lumineuse. Dans le « siècle de fer » que fut le XXe, marqué par les totalitarismes et les guerres mondiales, Mère Yvonne-Aimée de Malestroit en a été un exemple fulgurant ; au cours d’une vie (1901-1951) dont nous fêtons cette année deux anniversaires : les 120 ans de sa naissance et les 70 ans de sa mort. Mais le caractère remarquable de son itinéraire, retracé dans ce numéro spécial, ne tient pas uniquement à sa partie la plus visible.

Certes, son activité inlassable suggère une foi à déplacer les montagnes : que ce soit au sein de l’ordre des Augustines où, comme supérieure, elle a multiplié par deux les vocations ; à la clinique de Malestroit, modernisée et agrandie pour accueillir toutes les misères humaines ; ou encore lors de son engagement dans la Résistance, où son action courageuse sera reconnue à sa juste valeur. Notons d’ailleurs que, tout en ayant pris sa large part des combats du siècle, elle considérait cependant que « la prière [était] plus puissante pour rénover un pays et tout un peuple que toute espèce de politique et d’influence ».

À l’inverse, le cœur de la vie de cette religieuse hors pair ne résidait pas non plus dans les phénomènes mystiques dont elle a été gratifiée, et sur lesquels il revient à l’Église de se prononcer. Même si nous avons sans doute trop vite évacué le surnaturel de nos vies, tout cela pourrait s’apparenter à du « blablabla » inutile, dans une époque en mal de sensationnel… « Rien n’est vrai sur la terre », disait-elle : « On entrevoit un peu de vérité quand on prie, parce qu’on approche du Dieu de vérité. »

Son vrai moteur

Retenons donc plutôt ce que disait un prélat ami : elle avait « la maturité d’un chef et la simplicité d’une enfant ». Dès lors, pour comprendre son vrai moteur, il faut remonter à son enfance quand, catéchisée par sa grand-mère, elle accepte de souffrir pour le Christ, comme Lui, par amour. Elle s’identifie tellement à Celui qui « a pris nos souffrances, [et] porté nos maladies » (Isaïe), que son action infatigable s’accomplira en dépit de ses maladies incessantes.

Sans doute sa force tenait-elle à son caractère, forgé par les épreuves, mais aussi et surtout à sa confiance inébranlable en Dieu, en sa miséricorde infinie, acquise dans la contemplation du Messie crucifié. Comme sainte Thérèse de Lisieux, qu’elle a vénérée comme une « grande sœur », Mère Yvonne-Aimée a développé une mystique du sacrifice, au service de l’amour de Dieu et des pauvres. Et cela dans un seul but : le salut des âmes, celles des prêtres en particulier.

C’est ainsi qu’elle a pu être et sera encore à l’avenir un phare. Comme ce fut le cas pour Julien Green, blessé dans son affectivité et écartelé entre son aspiration spirituelle et les passions de la chair. Ce même Green, qui reprochait aux catholiques d’être trop tièdes – les temps ont-ils vraiment changé ? – a trouvé en Mère Yvonne-Aimée un témoin à la hauteur de sa soif d’amour. Et sa vie en a été, bien qu’avec des rechutes, radicalement changée dans son orientation. Par l’acceptation de la Croix…