Chaque Dimanche, chaque solennité, l’Église professe le Credo de Nicée-Constantinople, qui confesse les dogmes affirmés par le Concile de Nicée (325) et le premier Concile de Constantinople (381). Il contient les vérités fondamentales de la foi catholique – ceux qui concernent la Trinité, l’Incarnation, l’œuvre de Salut et l’Église.
Malgré sa respectable ancienneté, il y a des gens à l’intérieur de l’Église, et même, malheureusement, dans la hiérarchie, qui aujourd’hui déprécient les dogmes de l’Église. Ils soutiennent que ces doctrines sont des règles sans vie qui portent atteinte à l’Évangile vivant et vivifiant, et que faire une fixation sur les dogmes et leur défense révèle une pathologie psychologique et spirituelle. Ils croient que les gens qui le font sont nuisibles et font obstacle au renouveau de l’Église.
Or, de telles critiques pourraient être fondées si les doctrines de l’Église n’étaient que de vieilles rubriques qui auraient depuis longtemps perdu leur utilité et leur efficacité. Nous devons demander pourtant : quels dogmes sont lettre morte ou ne sont plus donneurs de vie? Quand ces questions sont exactement posées, nous trouvons que ce que l’Église a enseigné dogmatiquement au cours des siècles est au cœur même de l’Évangile. Les doctrines de l’Église sont non des “accessoires” injustifiés, mais sont contenues à l’intérieur de l’Écriture Sainte et de la tradition ecclésiale vivante.
Les doctrines de l’Église sont composées de mots, comme dans les credos, mais elles ne sont pas vides. Plutôt, elles donnent une voix ecclésiale aux mystères authentiques révélés par Dieu, à travers ses mots et ses actes, et à ce que l’Église catholique professe avec une foi inhérente. Davantage: ces vérités doctrinales articulent les réalités divines sur ce à quoi les fidèles sont unis. Pour discerner si elles sont “mortes” ou “vivantes”, examinons quelques dogmes qui figurent dans le symbole Nicée-Constantinople.
Nous croyons en Dieu, le Père tout-puissant, qui a fait le ciel et la terre et tout ce qu’ils contiennent. La vérité de la Création est l’acte primordial qui donne vie. Le Père, source de toute vie, nous a créés dans l’amour de sorte que nous puissions vivre non seulement sur terre, mais aussi avec Lui, éternellement, au ciel. Il n’y a rien de mort ou de privé de vie dans cette doctrine. Plutôt elle affirme que Dieu est un Dieu vivant, et que nous sommes vivants à cause de lui.
De plus, nous croyons en un Seigneur Jésus-Christ, Fils unique engendré par le Père. Comme Fils du Père, il est consubstantiel (homoousion) à son Père. Ici nous percevons la beauté du dogme de la Trinité et de l’Incarnation. “Consubstantiel” est un “grand” mot, on ne le trouve pas dans l’Écriture. Et pourtant ce mot nous indique que le Fils de Dieu est non pas une créature, car il n’a pas été fait, mais qu’il est Dieu comme le Père lui-même est Dieu. Ils possèdent la même divine substance ou nature1. Le Dieu un est le Père qui engendre éternellement son divin Fils bien-aimé – Dieu par sa vraie nature est celui qui donne la vie, car Dieu est éternellement le Père qui donne la plénitude de sa vie divine à son Fils.
De la même façon, nous croyons au Saint Esprit, Seigneur et qui donne la vie. Le saint Esprit est donc divin comme le Père et le Fils sont divins, car il procède du Père et du Fils, et ainsi avec eux il reçoit même adoration et même gloire. Donc le Père n’est pas seulement le Père de la vie divine. Il est aussi le Père de l’amour divin, car il aime Son Fils engendré dans le Saint Esprit et le Fils engendré aime son Père dans le même Saint Esprit – l’Esprit d’amour divin.
On ne peut imaginer une doctrine, une vérité, qui soit plus porteuse de vie et porteuse d’amour, car les personnes de la Trinité débordent de vie et d’amour. De façon merveilleuse, les chrétiens sont invites à participer à ce mystère impressionnant, car ils participent à la véritable et divine vie de la Trinité – ils vivent en communion avec le Père, le Fils et le Saint Esprit.
Bien que l’humanité ait péché et vive exposée à la malédiction de la mort, le Fils du Père est descendu du Ciel et, dans le sein de Marie, est devenu homme par l’opération du Saint Esprit. Pour notre salut, Jésus, le Fils incarné, a été crucifié, est mort et a été enseveli. Le troisième jour il est ressuscité des morts et est monté au ciel.
Seigneur ressuscité et monté au Ciel, Jésus a répandu son Esprit Saint sur les apôtres de façon qu’eux et tous ceux qui croient puissent être libérés du péché et de la mort et renaissent dans le Saint Esprit. Les doctrines de l’Incarnation, de la mort salvatrice de Jésus et de sa résurrection, et de la Pentecôte, loin d’affirmer des choses stériles, manifestent les actions vivifiantes de la Trinité par elle-même tout entière vivifiante – et elles sont ordonnées dans la plénitude de l’amour divin pour l’humanité.
Ces actions salvatrices ont donné naissance à l’Église, une, sainte, catholique et apostolique – qui est une dans sa foi apostolique. Aucune autre institution de la terre, au cours de toute l’histoire de l’humanité, n’attire à elle nations et peuples, non pour un profit égoïste, mais pour le salut du monde. La doctrine de l’Église est, une fois de plus, une doctrine qui témoigne de la vie – la vie fondée sur l’amour du Père, du Fis et du Saint Esprit. Ceux qui sont baptisés dans cette foi attendent la résurrection des morts et la vie du monde à venir.
Ceux qui déprécient ces doctrines de l’Église disent les paroles du diable. Lui connaît, mieux que nous, la vérité de l’Église, de l’enseignement de l l’Église et la puissance vivifiante que les mystères de la foi contiennent. Il sait que les doctrines de l’Église ne sont pas de vieilles choses désuètes ou stériles, et ainsi il tremble devant elles. Il nous induit à les déprécier pour que nous devenions sans vie – des morts dans la damnation du péché – le seul dogme qu’en ennemi il savoure.
Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons – particulièrement les évêques et les prêtres – proclamer vigoureusement les mystères de la foi avec clarté, courage et amour. Elles sont le remède à la léthargie actuelle de l’Église et l’élément vital de son renouveau et de son bien-être. Et elles sont les moyens du salut du monde.
On ne peut pas aimer l’Évangile de Jésus-Christ si on n’aime pas toutes les doctrines qu’il résume en Lui-Même. Aimer, dans la foi, les doctrines de l’Église est aimer Jésus Lui-Même!
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Conclusions provisoires du Synode sur la Parole de Dieu
- Un nouveau Credo ?