Pourquoi avoir lancé la plateforme « Le film chrétien », sachant que la concurrence est rude (Amazon, Netflix, Disney) ?
Hubert de Torcy : Aujourd’hui, les gens utilisent de plus en plus de plateformes et ont ainsi accès librement à autant de films qu’ils veulent. C’est un nouveau mode de consommation qui fonctionne bien pour l’éditeur de la plateforme : il dispose ainsi d’un revenu récurrent qui stabilise le risque et il fidélise le client.
Beaucoup de films que nous proposons ne trouvent pas forcément leur place sur des plateformes mainstream. La seule manière de les trouver pour ceux qui ne regardent plus de DVD, c’est sur notre plateforme. Nous proposons des « films chrétiens » même si on ouvre de plus en plus notre catalogue à des films familiaux dont on est sûr que les valeurs sont valables pour toute la famille. Pour l’instant, nous en sommes à 2 500 abonnés et le but serait d’atteindre les 10 000 avant la fin de l’année.
Quel est le rôle de Saje dans la Nuit pour la mission ?
Nous avons envie de produire de vrais films de cinéma avec de gros budgets. Pour l’instant, on a essentiellement distribué des films presque toujours étrangers. Notre souhait est de produire des films chrétiens en France. Aujourd’hui, ce sont surtout les évangéliques américains qui investissent dans l’évangélisation par ce média-là.
On est en France, la fille aînée de l’Église, qui a 2 000 ans d’histoires saintes fabuleuses à raconter, capables de plaire au grand public. Il faut en profiter ! La production d’un film est une aventure industrielle très coûteuse. La première phase, l’écriture, est un risque financier pour le producteur qui n’est pas sûr de voir le film naître un jour. On aimerait se lancer dans l’aventure mais on ne peut pas prendre trop de risques. La Nuit pour la mission serait une occasion pour nous de rassembler suffisamment d’argent pour lancer un projet de film sans couler l’entreprise. Nous serons huit structures associées pour une grande collecte. Il faut mobiliser les chrétiens pour l’annonce du Royaume dans des médias importants. Chaque projet expliquera en quelques minutes pourquoi il a besoin d’argent et il y aura ensuite des paliers de dons. L’objectif est de récolter entre 30 000 et 50 000 euros par projet. Tout sera retransmis en direct à 20 h 30 sur lanuitpourlamission.org.
Malgré l’absence de réalisateurs chrétiens, certains films comme Lourdes montrent qu’il n’est pas impossible de produire des films inspirés en France…
Il n’y a rien de plus craint et redouté en France que le prosélytisme. Si le réalisateur n’a pas la foi, il n’est pas suspect de prosélytisme et donc son film est intéressant. Aux États-Unis c’est l’inverse. Vous ne pouvez pas faire de films si vous ne faites pas partie du club chrétien. En France on a la pastorale du miracle. Le Bon Dieu n’a pas d’autre choix que de passer par des athées pour annoncer l’Évangile. C’est pour ça que nous aimerions passer à l’action.