Il paraîtrait que les classiques grecs, romains et autres antiques seraient racistes, colonialistes, esclavagistes et machistes.
Ils étaient surtout très intelligents, et très sages.
Nous n’en finissons pas de puiser chez eux « la substantifique moelle », comme disait Rabelais, d’un humanisme à la fois actuel et éternel. D’abord, il faut rappeler que Simone Weil avait demandé que soit constitué un tribunal des lettres qui jugerait les propos et écrits criminels ou diffamatoires à l’égard de nos anciens. Ainsi, quand certains historiens de son temps prétendaient qu’Aristote avait légitimé l’esclavage. « Mensonge », s’exclamait-elle, et « diffamation ! Il faudrait interdire de publication pour plusieurs années l’auteur de tels propos ! » Son souhait n’a pas été suivi.
Ce qu’Aristote nous dit aujourd’hui
Mais Aristote demeure, qui a écrit (Livre I de l’Éthique à Nicomaque) : « Toute forme d’esclavage est contraire à la nature. » Ouvrons-le à la recherche de ce qu’il pourrait nous dire aujourd’hui. Aristote, on le sait, est fils de médecins. Son père et sa mère étaient médecins. Ce qui permet de dire, au passage, pour les féministes ignorants d’aujourd’hui qu’en Grèce, au IVe siècle avant Jésus-Christ, une femme mariée pouvait être médecin.
La médecine, comme la pharmacopée, et, plus généralement, l’étude des plantes et des animaux a beaucoup compté dans l’éducation d’Aristote. De cet examen du réel, de ce sens du diagnostic, qui est l’analyse intelligente, secondée par la science, des symptômes que présente la maladie, Aristote a beaucoup retenu. Sa Politique, comme son Éthique, sont constamment en rapport avec cette expérience.
Relisons ce bref passage de l’Éthique à Nicomaque (Nicomaque est le fils d’Aristote). « La politique a évidemment besoin de connaître d’une certaine façon ce qu’on sait de l’âme, exactement comme pour soigner l’œil, on doit connaître aussi le corps entier. C’est même d’autant plus impératif que la politique a un rang plus honorable et supérieur, comparée à la médecine. Or les médecins de marque s’attachent beaucoup à la connaissance du corps. Il faut donc que le politique aussi ait des vues sur l’âme. »