La guerre des idées analysée par Eugénie Bastié dans son livre très argumenté se poursuit ces jours-ci avec intensité. La Croix d’hier titrait sur « L’université ébranlée » et au terme d’un long article rendant compte des déchirements universitaires, Bernard Gorce concluait en des termes pessimistes : « Républicains contre communautaristes, réactionnaires contre gauchistes, les tensions sont exacerbées par la puissance et la violence des mobilisations sur les réseaux sociaux. (…) La disputatio, au cœur de la tradition universitaire résistera-t-elle à ce contexte politico-culturel ? » C’est bien là l’enjeu, dès lors que l’université est en proie à une véritable guerre idéologique, qui laisse peu de place à l’échange civilisé des opinions.
La gravité de la situation peut s’observer aussi au spectacle d’une gauche elle-même en pleine tourmente. La formation syndicale étudiante, qui a longtemps rassemblé les courants les plus divers de cette gauche, l’UNEF, ne fait plus l’unanimité. Les positions récentes de sa direction actuelle font l’objet de rudes discussions. Nombre d’anciens dénoncent ses errements racialistes, telle l’organisation de « réunions non mixtes racisées », c’est-à-dire de réunions dont son exclus les blancs. Sans doute, la proposition de dissoudre l’UNEF, à l’exemple des identitaires, est-elle largement rejetée, même par les plus amers de ses anciens.
Mais nous en sommes revenus au climat des années d’après-guerre. Je l’ai redit plusieurs fois, mais la crise actuelle est profonde. Elle ne concerne plus l’habituel spectacle offert par les intellectuels, car elle s’enracine dans des questions de civilisation terriblement déstabilisatrices.