L'argent et l'idée d'une nouvelle université - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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L’argent et l’idée d’une nouvelle université

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L'esprit de l'université Land Grant - Eugène Francis Savage, 1961

L'esprit de l'université Land Grant - Eugène Francis Savage, 1961

Purdue University, West Lafayette, Indiana.

La façon dont les gens financent leur formation va souvent affecter leur façon de l’envisager.

Il y a des années, les frais de scolarité étaient suffisamment bas pour que de jeunes adultes gagnent assez pour se payer l’université. Si vous aviez épargné l’argent gagné durant les années de lycée et travaillé durant les vacances d’été et de Noël, avec une bourse d’étude relativement modeste et un job étudiant de vingt heures par semaine, vous pouviez facilement payer vos études.

Cependant, actuellement, il est impossible de financer ses études par son travail. Vous ne pouvez tout simplement pas, comme jeune adulte, gagner suffisamment d’argent pour payer plus qu’une faible fraction du montant de la scolarité qui peut atteindre jusqu’à 70 000 dollars par an. Vous ne pourriez probablement pas la payer même avec un emploi salarié à plein temps, puisque 70 000 dollars par an (avant impôts) est le salaire annuel médian des travailleurs en Amérique.

Quelles valeurs seraient inculquées aux étudiants pouvant être essentielles pour l’avenir de l’Amérique si l’on attendait d’eux qu’ils financent leur propre éducation et si le montant des frais de scolarité était fixé en fonction de ce qu’un étudiant peut raisonnablement gagner en travaillant durant les vacances d’été et de Noël ?

La façon dont les universités sont financées actuellement et la sorte d’éducation que les étudiants reçoivent les encouragent à ne pas penser sérieusement aux effets à long terme. Le message est : « dépensez maintenant et financez par emprunt ». Cette pratique encourage souvent une mauvaise habitude à vie. Non plus travailler, économiser et payer mais financer à crédit en vue de jouir d’un certain train de vie maintenant. Le gouvernement nous renflouera. Ils renflouent tous les autres, pas vrai ? Les dettes pour l’université devraient être les prochaines sur la liste, ainsi que nous commençons à l’entendre dire par les politicards.

Alors comment l’étudiant universitaire actuel est-il encouragé à envisager l’université ? Pour beaucoup, si ce n’est la plupart, ce n’est plus un endroit pour apprendre, un endroit pour développer d’importantes compétences, ce n’est plus qu’un rite de passage. D’une certaine façon, vous devez y passer pour continuer votre vie. Vous n’êtes pas à l’université pour l’éducation mais uniquement pour le diplôme lequel, tout le monde le sait, ne signifie pas réellement que vous êtes apte à lire et analyser des textes convenablement, à écrire avec style ou à formuler un argument pertinent. Cela ne signifie guère plus que ceci : vous avez su vous débrouiller pour trouver quelqu’un pour payer vos factures d’université durant quatre ans.

Qu’en serait-il si on enseignait aux étudiants que les diplômes onéreux n’ont pas de sens et que la seule chose qui compte réellement sont les compétences durement acquises au long cours par le travail. Si tout le monde obtient le même diplôme universitaire, avec ou sans travail, éventuellement en plagiant pour monter de classe, alors ce diplôme devient de plus en plus insignifiant, même si le coût ne fait qu’augmenter.

Alors que les coûts universitaires ont augmenté encore plus vite que les dépenses médicales et six fois plus que l’augmentation du coût de la vie, l’éthique de l’éducation payée au fur et à mesure en fonction de ses moyens a été remplacée par des calculs de marchés et de risques. Si cela expose à plus de dette, verrai-je un retour sur investissement suffisant ?

Dans cet environnement, davantage de gens préfèrent des investissements plus « sûrs », des actions de premier ordre comme Harvard, Princeton, Stanford ou Yale. Le prix est élevé, mais les dividendes sont fiables. Columbia est plus risquée. Elle avait l’habitude d’avoir de grands professeurs, comme Mark Van Doren. Mais maintenant, qui peut dire ? Les érudits excellents enseignants sont souvent connus de leurs seuls élèves et peut-être de quelques autres érudits, pas du grand public, c’est pourquoi de nouveaux bâtiments onéreux, des rumeurs de prestige et des experts en communication grassement payés pour donner le bon cachet à l’établissement sont devenus plus importants que ce qui se passe dans les salles de classe.

Il semble aussi que choisir une matière principale « moins risquée » ait financièrement du sens – quelque chose qui fera gagner suffisamment d’argent dès la sortie d’école pour être en mesure de payer ces emprunts d’études tout en vivant cependant confortablement. Chose curieuse – et contrairement aux intérêts à long terme des étudiants – le résultat a été une chute de la demande de cours qui construisent des compétences solides comme la recherche, l’écriture, la logique et les mathématiques, et une hausse croissante de cours estimés « pertinents » mais qui se résument souvent à l’endoctrinement des étudiants avec des modes académiques. D’où davantage de cours en Etudes de Genre et Communication et bien moins en Littérature, Histoire et Philosophie.

Un fait intéressant de la vie académique moderne est que le corps enseignant le plus à même de soutenir les Lettres et Sciences Sociales et Humaines est celui dont les membres ont la plus forte attache avec la tradition intellectuelle catholique. Souvent, « personnalité catholique » et « Lettres et Sciences Sociales et Humaines » vont main dans la main, comme deux vieux amoureux qui ne se sentent pas complets l’un sans l’autre.

Peut-être parce que, ainsi que je l’ai écrit dans un précédent article sur ce site :

Quand le Christ, le Verbe fait chair, est convenablement compris comme le centre de la mission universitaire, alors toute vérité, peu importe sa source, est bienvenue et importante. C’est quand cette conviction chrétienne sur la nature harmonieuse de la vérité est remplacée par un « système », un « processus » ou une « idéologie » que l’édifice entier commence à s’écrouler de l’intérieur.

Quand le Christ est au centre de l’université, toute la création est importante, étant l’œuvre d’un Dieu aimant. Quand le Christ est au centre, rien d’authentiquement humain ne peut manquer à trouver un écho dans le cœur de ses membres. Quand le Christ n’est plus au centre, l’université ne tarde pas à devenir la servante de Mammon, de l’idéologie ou de l’Etat.

Malheureusement, les institutions catholiques suivent l’exemple de leurs pairs tout aussi souvent que les catholiques suivent les dispositions morales du reste du pays. Ce ne devrait pas être une surprise. Les vendeurs proposent ce que les acheteurs désirent.

Les universités peuvent proposer une éducation de premier choix à un prix raisonnable. C’est seulement qu’elles n’ont pas une motivation suffisante pour agir ainsi actuellement.. Plus d’argent, des dotations plus importantes, des administrateurs sur-payés et des équipes sportives gagnantes doivent être le signe d’une meilleure université et d’une meilleure éducation n’est-il pas vrai ? Pour sûr. Tout comme les évêques qui distribuent de considérables cadeaux d’argent à des confrères évêques doivent être les meilleurs candidats pour des postes plus élevés dans l’Église.