En cette fin d’année si singulière, je ne m’efforcerai pas de faire un bilan que d’autres dresseront beaucoup mieux que moi. Tout juste me permettrai-je de revenir sur un thème que j’ai esquissé les jours précédents. Il n’est pas facile d’être optimiste en cette période qui se charge de nous casser les bras à force d’interdits. La mélancolie a de bons motifs de s’infiltrer en nous, au point de nous paralyser. Certes, il est toujours permis de rêver au monde d’après qui serait, dit-on, forcément différent du monde d’avant, après une telle épreuve. Mais l’expérience de ce début de siècle nous invite à nous méfier des engouements trop rapides. Ainsi la thématique de la mondialisation heureuse a plus que du plomb dans l’aile, et ceux qui croyaient à une sorte d’avènement d’une après-histoire, suite à la chute de l’empire soviétique, ne peuvent que remâcher leurs désillusions. Ce n’est pas pour autant qu’il faut se laisser aller au scepticisme paralysant. Ce serait, à l’égard de ceux qui nous suivent, enfants et petits-enfants, une faute très lourde.
Et puisque la mélancolie semble toucher aussi une part des fidèles de notre Église forcément marquée par le climat ambiant, il y a lieu de réfléchir sérieusement à notre situation, sans nous laisser trop impressionner par ceux qui s’engagent dans des procès comminatoires. Ce n’est rendre service à personne que de démolir une institution, qui est toujours à réformer dans le régime, l’économie qui lui est propre. Un certain nombre de documents peut aider à notre réflexion. Je suis attaché, pour ma part, à ceux que l’on pourrait appeler classiques, car leur densité de contenu les fait échapper à la contingence. C’est le cas de la Méditation sur l’Église du cardinal de Lubac, que je consulte souvent. Dans un moment difficile, il convient de méditer sur du solide, non de l’éphémère.
En attendant cette fin de journée, tous mes vœux pour l’an qui vient !
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 31 décembre 2020.