Le climat n’est pas au beau fixe en ce moment dans notre pays. Les crises s’ajoutent aux crises, et la violence qui éclate régulièrement dans les rues explique un pessimisme ambiant assez généralisé. Faut-il être aussi alarmiste que le général Pierre de Villiers, qui déclarait dans Le Parisien d’hier : « Ma crainte, c’est la guerre civile » ? Serions-nous, comme il l’écrit par ailleurs, à « un point de bascule » où tout peut exploser ? On peut être moins alarmiste, sans se cacher ce qui ne va pas dans ce pays et ce qui risque d’aller encore plus mal si on ne porte pas rapidement remède aux causes de nos déséquilibres sociaux.
Le projet de loi contre le séparatisme, qui doit être présenté mercredi au Conseil des ministres, correspond à la volonté de lutter contre l’islamisme et la radicalisation de certains quartiers, en donnant à l’État les moyens nécessaires d’agir. Mais où apporter, de façon prioritaire, l’effort pour juguler les difficultés ? Il y a, bien sûr, le repérage des agents et des lieux d’agitation avec les interdictions nécessaires. Mais n’y a-t-il pas d’abord un réexamen complet de notre urbanisme à envisager ? De ce point de vue, on ne peut qu’approuver Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, lorsqu’elle déclare qu’on ne fera rien de décisif sans casser les ghettos urbains où se concentre l’extrémisme. De son côté, le père salésien Jean-Marie Petitclerc, qui connaît très bien les problèmes des jeunes des quartiers, est aussi d’avis que le premier impératif est de les soustraire à ces ghettos.
Ce qu’on appelle l’intégration commence par là. Mais cela implique une révision radicale de la stratégie politique dans le but de substituer à la répression des changements profonds de société. Sinon on continuera d’aller de crises en crises. Jusqu’à la rupture ?
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 7 décembre 2020.