La miséricorde : « un fondement oublié ! » - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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La miséricorde :
« un fondement oublié ! »

La basilique du Sacré-Cœur de Montmartre accueille ce 20 septembre la 8e édition nationale du Congrès de la Miséricorde. L’archevêque émérite de Lyon, Mgr Philippe Barbarin, y donnera une conférence. Entretien.
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« Devant le corps du Christ, nous sommes face à face avec la miséricorde. »

« Devant le corps du Christ, nous sommes face à face avec la miséricorde. »

© Philippe Lissac / Godong

Comment est né ce congrès ?

Mgr Philippe Barbarin : Tout commence en 2005, à la mort de Jean-Paul II, qui avait déclaré : « La miséricorde est le fil rouge de mon pontificat ». Trois ans plus tôt, très fatigué, il inaugurait la basilique de la Miséricorde Divine, à Cracovie (Pologne), durant son dernier voyage. Dans le sermon, il expliquait : « La miséricorde n’est pas une qualité ou un attribut de Dieu : c’est son nom. » Effectivement, dans le livre de l’Exode, Dieu se définit lui-même comme cela. C’est quelque chose qui avait été oublié, notamment par les Français : dans le bréviaire, le Magnificat parle d’un « amour » qui « s’étend d’âge en âge », au lieu de « miséricorde ».

Intrigués, le cardinal Schönborn, Mgr de Monléon et moi-même, décidons de travailler à réveiller ce mot et proposons au pape Benoît XVI un « Congrès mondial de la miséricorde », qui aura lieu à Rome, pour le 3e anniversaire de la mort de Jean-Paul II, en avril 2008. Entre ces congrès mondiaux qui ont lieu tous les 3 ans, se tiennent aussi des congrès continentaux et nationaux.

À qui s’adressent-ils ?

À ceux qui en ont besoin, c’est-à-dire ceux qui se disent : « Pour mieux aimer, servir et accompagner ceux qui souffrent, j’ai besoin d’approfondir le mystère de la Miséricorde, d’abord dans la Bible, évidemment. Et j’ai besoin aussi d’écouter et rencontrer d’autres personnes qui agissent pour tant de gens qui souffrent, sont écrasés ou dans le besoin. » Ils sentent la nécessité de donner des fondements théologiques et spirituels à leur engagement. Il y aura des temps de prière, d’enseignement, la Messe bien sûr, mais aussi des temps de rencontre et d’échange avec des frères et sœurs qui servent dans des secteurs différents : la communauté de Jésus serviteur, qui s’occupe des handicapés, les dominicaines de Béthanie qui accueillent dans la vie religieuse celles qui sont allées en prison, etc.

Au fond, qu’est-ce que la miséricorde ?

Une réponse se trouve au chapitre 11 du livre d’Osée : « Mon cœur est bouleversé. Je n’agirai pas selon l’ardeur de ma colère, car je suis Dieu, et non pas homme. » Son cœur l’empêche de détruire Israël, ce qu’il voulait faire à cause de tant de trahisons. Il est obligé de nous aimer, de nous relever. C’est ça, la miséricorde. Elle atteint son sommet dans la personne de Jésus, un amour qui ira « jusqu’à l’extrême », même quand on lui aura craché à la figure. Le summum de la miséricorde, c’est quand Il dit sur la croix : « Pardonne-leur ».

Vous donnerez une conférence intitulée « Miséricorde et adoration eucharistique ». Quel est le lien ?

Déjà, parce que nous serons à la basilique du Sacré-Cœur, où il y a l’adoration perpétuelle depuis plus d’un siècle ! Et puis, surtout, au baptême de Jésus, comme à la transfiguration, on entend la voix du Père qui dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en lui, j’ai mis tout mon amour » (Mt 3, 17 et 17, 5). Le mot grec qui est utilisé là, eudokia, évoque tout l’amour de Dieu pour les hommes en tant que dessein. Cet amour atteint son point culminant quand Jésus meurt sur la croix. Dans l’adoration eucharistique, quand nous sommes devant le corps du Christ livré pour le salut du monde, nous sommes face à face avec la Miséricorde.

Vous êtes désormais chez les Petites Sœurs des Pauvres, à Saint-Pern (Morbihan)…

Je viens tout juste d’arriver. Les Petites Sœurs sont adorables et extrêmement accueillantes ! Je célèbre la Messe ; on me demandera sans doute d’autres services dans la maison. J’ai aussi un cours à assurer au Séminaire de Rennes… C’est une page nouvelle qui s’ouvre devant moi et je la confie à la prière de tout le monde.