En quoi consiste Neumz ?
Une Sœur de l’abbaye : Le but est de vulgariser le grégorien le plus possible en donnant le matériau nécessaire à chacun pour le comprendre, l’aimer et peut-être aussi y participer, au moins par l’écoute. Neumz permet donc d’écouter du grégorien, synchronisé avec les partitions correspondantes, les notes carrées, le texte latin et la traduction en langue profane : français, mais aussi anglais, espagnol, italien… L’idée était de proposer l’entièreté du répertoire, depuis l’office des heures jusqu’à la messe. Nous avons enregistré matines, complies, pièces du graduel romain… C’est inédit !
Comment étiez-vous organisées ?
C’est assez simple : huit micros, modernes et discrets, avaient été installés dans le chœur. À notre arrivée, une Sœur appuie sur un bouton, idem en repartant. Le soir, les fichiers audios sont envoyés pour être mixés depuis un studio en Italie.
Votre projet a démarré en mars 2019…
Le 21 mars, fête de saint Benoît que nous avons conservée ici dans notre monastère ! Le projet se poursuivra jusqu’en 2021, car nous avons trois années de liturgie romaine à enregistrer : A, B et C.
Qu’est-ce qui a poussé votre communauté à accepter ?
Il y a eu débat ! C’est toujours difficile pour nous de faire la part des choses entre ce qui doit rester le mystère de la vie contemplative et ce qui peut être extériorisé, pour permettre à un plus grand nombre d’accéder au trésor de notre vie contemplative et notamment l’office.
Il fallait savoir aussi si cela allait nous prendre du temps, nous gênant dans notre vie commune… Puis on s’est dit que le bien qui adviendrait serait plus important que le dérangement que cela pourrait causer.
Ce bien, c’est la diffusion du chant grégorien…
Il faut rappeler que le chant grégorien est le chant liturgique officiel de l’Église, comme l’a confirmé le concile Vatican II. S’il a pris la peine de l’écrire, c’est qu’il s’agit d’un point important ! Cela signifie que ce chant a quelque chose à dire aujourd’hui à toutes les personnes qui veulent prier. La richesse propre du grégorien, c’est qu’il est porteur de la Parole de Dieu : la musique est au service du Verbe. Les antiennes les plus anciennes sont les plus simples, avec trois ou quatre notes : elles disent beaucoup. Cette simplicité au service de la Parole de Dieu est le vecteur principal de la spiritualité, d’une prière intérieure, importante pour tout chrétien et qui peut aussi toucher des gens non chrétiens, comme nous en faisons l’expérience à l’abbaye.
Saint-Exupéry disait qu’il fallait « faire pleuvoir sur les hommes quelque chose qui ressemble à un chant grégorien »…
Le grégorien est par essence spirituel. Il est le support de la Parole de Dieu. Ainsi, il est à son service. Or, quand on est au service de la Parole de Dieu, on l’apporte au cœur de l’homme.