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Né au XVIe siècle à Rome, l’Oratoire de saint Philippe Néri apparaît comme un modèle crédible de vie communautaire pour notre époque.
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Oratoire de Hyères (Var).

Oratoire de Hyères (Var).

© A. P.

L’Oratoire de saint Philippe Néri est très peu connu en France ou il est confondu avec son cousin, l’Oratoire de France, plus centralisé. Le premier est né en 1575 à Rome, sous l’inspiration de saint Philippe Néri (1515-1595), un immense saint italien à la joie contagieuse. Le second a été fondé au XVIIe siècle par le cardinal de Bérulle qui s’inspirait aussi, mais de plus loin, de saint Philippe Néri.

L’Oratoire de saint Philippe Néri n’est donc pas spécifiquement français, contrairement à l’autre – il est notamment présent à Rome et à Londres –, mais il possède plusieurs fondations dans l’Hexagone. Après une longue éclipse, c’est à Nancy qu’il a repris pied en 1995. Le succès a conduit l’Oratoire lorrain à laisser certains de ses membres fonder un autre Oratoire à Dijon (2011) puis à Hyères (2012). L’Oratoire de Pontivy, fondé en 2017, est le quatrième du genre en France. Un autre est en formation dans le diocèse d’Angoulême. Chaque fondation, indépendante des autres, fait de cette congrégation une structure particulièrement atypique et adaptée au contexte contemporain.

Souplesse et autonomie

L’Oratoire de saint Philippe Néri est la première Société de vie apostolique de l’histoire de l’Église. C’est une congrégation séculière dont les membres ne prononcent pas de vœux religieux et ne sont pas liés par l’observance d’une règle détaillée. Ce qui est frappant, c’est la grande souplesse et autonomie de chaque maison ou fondation. « Saint Philippe Néri a voulu une autonomie maximum pour chaque maison, afin que celle-ci épouse le territoire dans lequel elle se fondait, explique le Père Jean-François Audrain, modérateur de l’Oratoire de Pontivy. Ainsi, chaque Oratoire est indépendant et autonome même si des liens de charité unissent les différentes fondations. » Tous les six ans, un Congresso Generale rassemble à Rome les prévôts et délégués de chaque maison. Le dernier a eu lieu en septembre 2018.

Cette souplesse très grande voulue par le fondateur peut surprendre. Il étonnait déjà à l’époque de saint Philippe Néri. Interrogé par un chartreux pour savoir quelles étaient les règles de sa congrégation, saint Philippe répondit : « La charité est la seule règle. » Constatant la surprise et sans doute le scepticisme de son interlocuteur, le saint romain ajouta : « La charité suffit si elle est bien comprise et bien vécue, tant pour le bon gouvernement d’une congrégation, que pour la sanctification personnelle. » Fidèle au charisme de l’Oratoire originel qui fit merveille à Rome au XVIe siècle, chaque Oratoire réunit des prêtres et des frères sous un même toit, reliés par ce seul et si précieux lien de la charité fraternelle. Leur apostolat est commun, mais n’a pas de créneau spécial où s’exercer : « Toutes les activités sont possibles pour un Oratorien, explique le Père Audrain : il peut aussi bien exercer les activités pastorales classiques d’une paroisse qu’être aumônier d’un hôpital. La seule chose qui importe est de le faire sous le regard et en ouverture de cœur avec ses confrères de l’Oratoire auquel il appartient. »

La vie familiale et fraternelle menée dans chaque Oratoire est un défi de chaque jour d’autant que « lorsqu’on en fonde un, c’est pour la vie », prévient le modérateur de l’Oratoire de Pontivy. Par conséquent, les membres sont appelés à vivre ensemble de façon stable jusqu’à la mort. Alors que l’actuelle pénurie de prêtres montre la nécessité de les regrouper, l’Oratoire de saint Philippe Néri paraît un modèle « alternatif » crédible de vie communautaire pour eux.