Aujourd’hui [dimanche de Pentecôte], nous célébrons le moment où le Saint-Esprit est devenu l’âme de l’Eglise. C’est, pour le moins, significatif, car cela place l’Eglise carrément au cœur d’une grande bataille spirituelle. Jésus nous l’a dit : « dans ce monde, vous aurez des tribulations » (Jean 16:33). La pandémie actuelle, par exemple, n’est rien qu’une des multiples œuvres du « prince de ce monde ». Et si nous n’allons pas permettre au Démon de dicter le cours de nos vies en ce monde, nous ne pouvons pas non plus nous laisser obséder par les maux de ce monde. J ésus nous a également dit, à juste raison : « vous n’appartenez pas au monde et Je vous ai choisi et sortis du monde » (Jean 15:19)
Avoir été choisis et tirés « hors du monde » a de multiples aspects. À la Pentecôte, il est utile de rappeler une distinction qu’a faite un jour le cardinal Charles Journet entre « le Christ [qui] est le centre visible de l’Eglise et l’Esprit-Saint [qui] est le centre invisible, le cœur et l’âme de l’Eglise ».
Quand le concile Vatican II a parlé de l’Esprit-Saint et de l’Eglise, il a dit de façon générale que « l’Esprit-Saint a été envoyé le jour de la Pentecôte afin qu’Il puisse continuellement sanctifier l’Eglise et qu’ainsi tous ceux qui croient aient accès au Père par le Christ en un seul Esprit ».
L’Esprit-Saint fait sa demeure dans l’Eglise. Cette résidence apporte de nombreuses choses. L’Esprit amène l’Eglise à « la plénitude de la vérité ». En d’autres mots, l’Eglise sait sur quoi portent la création et le salut. Des catholiques pris individuellement peuvent comprendre de travers, et cela arrive, mais le dépôt de la foi est tout entier dans l’Eglise, garanti par le témoignage même du Christ.
Le Saint-Esprit unifie l’Eglise en une communion de grâce et de vérité. Cela est vraiment arrivé à partir du moment où les apôtres ont commencé à parler en différentes langues de l’Empire Romain, « selon ce que l’Esprit leur avait donné de faire » (Première lecture). Les gens dans la foule, issus de différentes nations, tous comprenaient ce qu’ils disaient.
Mais au-delà de la communauté établie par ce parler en langues, l’Esprit a inspiré une unité qui peut être vue dans les différents ministères de l’Eglise, qui sont tous, malgré leur variété, orientés vers un unique but. L’Eglise ne se résume pas à une association à but non lucratif où vous payez une cotisation et bénéficiez de certains avantages.
En outre, le Concile a déclaré : l’Esprit-Saint « tout à la fois équipe et dirige avec des dons hiérarchiques et charismatiques et orne de Ses fruits ». La Seconde Lecture de ce jour explique les dons et leurs effets avec un luxe de détails. L’Esprit-Saint transforme l’Eglise en Corps du Christ avec toutes les caractéristiques du Christ : son intégrité, sa grâce, sa vérité, son autorité et son ministère divin. Quand l’Esprit-Saint agit ainsi il « renouvelle la face de la terre » (Psaume 104).
Le « Catéchisme de l’Eglise Catholique » ajoute des détails supplémentaires sur l’action de l’Esprit dans la liturgie : « l’Esprit-Saint [nous] prépare à recevoir Jésus-Christ ». C’est l’Esprit-Saint qui rassemble la communauté pour l’adoration. L’Esprit-Saint prépare le cœur des fidèles à écouter les lectures et à s’associer aux prières.
L’Esprit-Saint guide les fidèles vers un éveil spirituel afin que :
par le moyen des paroles, des actions et des symboles qui forment la structure d’une célébration, l’Esprit introduise les fidèles et les ministres dans une relation vivante avec le Christ, Parole et Image du Père, afin qu’ils puissent vivre le sens de ce qu’ils entendent, contemplent et font dans la célébration.
C’est en quelque sorte comme l’expérience de Jésus que font les apôtres dans l’Evangile. Ils rencontrent le Seigneur glorifié et il répand sur eux son Esprit, les façonnant pour en faire pour toujours son Eglise.
Il est mentionné plus loin que, avec la venue de l’Esprit, comme dit le psalmiste : « je me réjouirai en lui ». Voilà une grande et riche qualité de la vie éternelle venue de l’Esprit qui ne nécessite pas l’ajout de choses périssables telles les biens matériels courants et les honneurs mondains.
D’ailleurs l’antique Séquence, dans la liturgie de ce jour, parlant de nous, dit de manière frappante : « assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid ». Donc, l’Esprit n’est pas un simple ajout à ce que je pourrais imaginer être ma vie humaine « parfaite ». De fait, la séquence se poursuit ainsi : « où tu n’es pas, nous n’avons absolument rien de bon, ni en acte ni en pensée, rien qui ne soit souillé par le péché ».
Ce n’est que lorsque l’Esprit nous a complètement recréé que nous pouvons être de véritables disciples du Christ. Il n’y a pas place ici pour le pélagianisme, l’hérésie selon laquelle les gens n’ont pas besoin de la grâce pour faire le bien. Pas de place non plus pour des chrétiens se sentant supérieurs à qui que ce soit. C’est crucial dans une société désespérément attachée à sa position sociale.
L’Esprit-Saint fait sa demeure dans chaque croyant et l’aide de mille manières. Un don particulier est que « en eux , Il prie en leur nom et porte témoignage qu’ils sont des fils adoptifs » (Vatican II). Le monde peut bien penser que cela diminue notre liberté et notre indépendance. Mais l’Esprit priant en nous et pour nous révèle une réalité plus vraie et plus riche que tout ce que nous pourrions faire livrés à nos seules ressources.
La liturgie de la Pentecôte nous fait grandir, une fois encore, dans la vie nouvelle dans l’Esprit, afin que nous puissions adorer Dieu en vérité et nous opposer à l’esprit de ce monde dans la plénitude de la foi.
Pour aller plus loin :
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La France et le cœur de Jésus et Marie
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.