À la fête du baptême du Seigneur, l’Église commence à marcher avec Lui à travers Sa vie d’adulte, même si nous venons de célébrer Sa Nativité. C’est pour que nous puissions marcher avec Lui, en devenant plus comme Lui au cours de l’année.
Le baptême de Jésus met en évidence un certain nombre de thèmes : tout d’abord, pour la liturgie d’aujourd’hui, l’Église a choisi un des anciens chants du Serviteur souffrant d’Isaïe. Dieu annonce que son serviteur est spécifiquement « Mon élu en qui Je trouve Ma joie, en qui j’ai mis Mon esprit ». Ces lignes sont vitales pour l’Évangile d’aujourd’hui, qui se termine par les mêmes mots. La prophétie s’est accomplie en cet homme, Jésus de Nazareth, qui a été baptisé. L’esprit de Dieu apparaît au-dessus de la tête de cet homme, dans l’Évangile de Matthieu.
Il y a une douceur sublime dans la façon dont ce serviteur, qui a l’Esprit de Dieu, va travailler : « Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, il ne fera pas entendre sa voix au dehors, il ne brisera pas le roseau qui fléchit, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit. » Et le travail du serviteur ? Établir la justice sur la terre.
La justice est l’une des vertus. Elle reconnaît la dignité suprême de la personne humaine par-dessus toutes les autres choses de la nature. La justice accorde à un être humain la liberté de jouir de ses droits, y compris celui de la liberté de rechercher le plus haut bonheur. En termes de l’Ancien Testament, la justice signifie que la justice de Dieu est présente lorsqu’Il se souvient de Ses promesses et réalise fidèlement ce qu’Il a promis. Dans le Nouveau Testament, Dieu apporte la sainteté de l’homme devant Dieu par Jésus-Christ. C’est là est l’œuvre du Serviteur.
Lorsque Pierre parle dans la deuxième lecture, il explique que ces choses se sont produites en Jésus. Il était celui qui « faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient opprimés par le diable, car Dieu était avec Lui ». Telle est la paix dont parle le Psaume. C’est le Seigneur qui apporte la paix. Ainsi donc : « Rendez au Seigneur la gloire due à Son Nom. »
Il a fait ce qu’Il avait dit qu’Il ferait. En fait, en Jésus, on Le voit « ouvrir les yeux des aveugles, sortir les prisonniers de l’enfermement et du cachot, ceux qui vivent dans l’obscurité ». (Première lecture) En fait, en faisant ces choses, selon les mots de Pierre, Jésus se montre comme « Seigneur de tous », tout comme Dieu est Seigneur de tous dans le Psaume.
Pourtant, le Seigneur de tous descend humblement dans les eaux du Jourdain, comme n’importe quel fidèle. Le Jourdain est l’endroit où Son homonyme, Josué, a conduit le peuple dans la Terre Promise de nombreuses années auparavant. Jésus sanctifie les eaux du baptême plutôt que l’inverse. À tel point que « les cieux se sont ouverts pour Lui, et Il a vu l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et une voix est venue des cieux, disant : « Voici mon Fils bien-aimé, en qui Je trouve ma joie » » Le baptême nous ouvre également les cieux et nous sommes faits fils de Dieu par Sa grâce.
Jésus est annoncé comme celui qui est le Fils bien-aimé. Ainsi l’image du Serviteur acquiert une signification supplémentaire, à savoir celle d’être le Fils Divin, et elle vient à être comprise dans la Tradition comme la filiation Divine qui a éternellement lieu en Dieu, où le Fils rend tout au Père Divin. Le service et la filiation ont plusieurs significations qui se chevauchent, de sorte que cela devient même vrai pour nous, d’une certaine manière, lorsque nous rendons tout de nos vies au Divin Père par le Fils, dans le Saint-Esprit.
Le Baptême du Seigneur rend également manifeste la Trinité divine. La Trinité ne se « désagrège » pas lorsque le Fils incarné se dirige vers la croix. L’inter-relation éternelle du Père, du Fils et de l’Esprit est vue dans notre histoire à travers le visage de Jésus de Nazareth lorsqu’il fait le bien et libère les gens des ténèbres. Son humanité devient l’instrument de notre salut, tout comme Josué a été tant de fois cet instrument pour le peuple d’Israël. Et nous aussi, nous sommes dans une sorte de terre promise où nous pouvons vivre avec la bonté de Dieu présente dans l’Église, lorsque nous le servons et lui rendons l’honneur qui est dû à Son Nom.
Bien sûr, nous ne restons pas plus debout dans le Jourdain que Jésus le fît. Nous transportons la bonté de Dieu sur la place du marché, dans les maisons des malades et de ceux qui sont dans les ténèbres. Nous ne « brisons pas le roseau fléchi, ni n’éteignons la mèche qui faiblit » parce que ce n’est pas Son chemin.
Son chemin est quelque chose de tout à fait différent de ce que nous pourrions imaginer. Nous pourrions même nous retrouver sur la Croix.
Pour aller plus loin :
- Jean-Paul Hyvernat
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Conclusions provisoires du Synode sur la Parole de Dieu