On ne peut que saluer l’excellent jeu d’acteurs et la mise en scène très travaillée qui caractérisent l’adaptation par Desplechin de la pièce de Tony Kushner : ils nous plongent avec brio au cœur de cette fresque des États-Unis des années Reagan, rongés par le sida. Nous suivons sur scène, notamment par l’entremise de la technique du split-screen – scène partagée en deux permettant de suivre plusieurs actions simultanées –, les destins croisés de Roy, Prior, Louis, Joe, Harper et Belize, qui incarnent tous la désillusion du rêve américain. Cependant, cette brillante adaptation n’efface ni la noirceur d’une pièce éminemment pessimiste, malgré le talent comique de Michel Vuillermoz, ni sa dimension polémique et scandaleuse.