Une manif prophétique - France Catholique
Edit Template
Marie dans le plan de Dieu
Edit Template

Une manif prophétique

Copier le lien
Manifestation « Marchons Enfants ! » du 19 janvier contre la PMA sans Père et la GPA

Manifestation « Marchons Enfants ! » du 19 janvier contre la PMA sans Père et la GPA

© Michel Pourny

La manifestation d’hier qui remplissait toute l’avenue de l’Opéra n’a pas bénéficié de la part des médias de l’écho proportionné à son importance. Il est vrai qu’il n’y eut chez les manifestants opposés au projet de loi bioéthique aucune agressivité, aucune violence. Pas une voiture brûlée à signaler. Il ne s’agissait que de dispenser un message d’une importance singulière. L’archevêque de Paris, en accord avec l’épiscopat, avait signifié, quelques jours avant, la gravité du sujet. Il n’était pas le seul. J’ai cité dans ma dernière chronique la tribune libre signée notamment par Dominique Bourg, José Bové et Jacques Testart. On pourrait leur ajouter les prises de position de Sylviane Agacinski, philosophe qui réfléchit depuis longtemps aux problèmes posés par le développement des biotechnologies.

Dans un texte paru il y a quelques mois1, elle notait que « l’homme des temps modernes s’est convaincu qu’il n’était rien d’autre qu’un produit de sa culture et de ses techniques. Il se veut fabriquant de lui-même et de ses descendants, grâce aux biotechnologies et grâce à l’usage de ressources biologiques d’origine humaine ». Et Sylviane Agacinski de mettre en cause « un productivisme inquiétant étendu à la vie elle-même ». Voilà qui vaut quand même un débat un peu soutenu. Mais il semble ne pas intéresser les moyens d’information. Hier soir, on aurait tout de même attendu que les chaînes d’infos accueillent les responsables de la manifestation de la journée.

Non, c’est le mépris qui prévaut, au nom d’un progressisme intellectuel qui ignore toutes les objections et qui va jusqu’à interdire l’expression d’autrui, dès lors qu’il n’est pas dans les nouvelles normes imposées. Sylviane Agacinski, elle-même, a été interdite de parole à l’université de Bordeaux, ses convictions pourtant rationnellement fondées étant insupportables à toute une mouvance qui n’hésite plus à utiliser la violence pour contrer ses opposants. Mais qu’on le veuille ou pas, des questions aussi graves ne pourront être étouffées. Elles nous rattraperont tôt ou tard, accompagnées des larmes que provoqueront les dégâts que l’inconscience de trop de responsables aura provoquées.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 20 janvier 2020.

  1. Sylviane Agacinski, L’homme désincarné. Du corps charnel au corps fabriqué, coll. Tracts, Gallimard.