En 2013, pour la première fois, la rédactrice en chef de la revue The New Atlantis, Caitrin Keiper s’interroge sur certains animaux comme l’éléphant. L’éléphant, pense-t-elle, possède une vie intérieure, marquée par des souvenirs : qui ignore la mémoire dite fabuleuse des éléphants ? Nombre d’éléphants ont aussi été décrits comme ayant des rapports altruistes, y compris à l’égard d’humains menacés. Pour ces raisons, Caitrin Keiper considérait alors que nous devrions accorder le bénéfice du doute spirituel aux éléphants, ce qui ne l’empêchait pas d’insister aussi sur « l’exceptionnalisme humain », rappelant que les éléphants ne jouent pas aux échecs et que seuls les hommes construisent des civilisations, pensent l’Histoire, pratiquent l’art, ont un langage élaboré, développent sciences, techniques et religions. Le philosophe Hans Jonas a d’ailleurs montré que les animaux ne fabriquent pas d’outils, même s’ils peuvent apprendre à s’en servir, ne fabriquent pas d’images abstraites et ne commémorent pas leurs morts par le biais de cultes mortuaires. Ils n’ont donc pas conscience de ce qui forme le fondement de toute métaphysique : la mortalité. Sur ce point aussi, l’éléphant pose question : il couvre les morts de branches et de feuilles, peut rester silencieusement avec sa famille plus d’une journée près d’eux. Il n’y a cependant pas de cimetières des éléphants. Le débat s’est prolongé avec la diffusion d’un film lui aussi intitulé Les éléphants ont-ils une âme ?, réalisé par Dereck Joubert, cinéaste récompensé sept fois aux Emmy Awards, dans le but de protéger les éléphants – âme ou pas. Les rôles de l’homme et de l’animal, finalement, n’ont pas changé : l’homme doit protéger un animal qui fait partie de la Création mais qui n’est pas son égal.