J’ai une chère amie qui est une Nazi liturgique. Ceci peut paraître ne pas être un compliment, mais je le pense avec affection.
Il y a une vieille plaisanterie qui commence ainsi : « Quelle est la différence entre un liturgiste et un terroriste ? » Réponse : « Vous pouvez négocier avec un terroriste ».
Maintenant, en tant que professeur qui enseigne la théologie morale, je devrais signaler qu’il y a une seconde partie à cette plaisanterie. « Quelle est la différence entre un terroriste et un théologien de la morale ? » réponse : « vous pouvez négocier n’importe quoi avec le théologien de la morale ». Nous avons tous nos forces et nos faiblesses.
A son crédit, mon amie prenait la liturgie très au sérieux. Elle l’avait étudié ; elle planifiait soigneusement ; et avait une vision claire de la manière dont elle devrait être faite pour être à la fois respectueuse et adéquatement participative. Elle avait horreur des lecteurs qui lisaient trop doucement ou qui ne pouvaient pas prononcer les mots. De même, les homélies décousues et mal structurées n’étaient pas ce qu’elle voulait à la Messe, et elle était désappointée lorsque les prêtres ne faisaient que « suivre les rites ».
A mon avis, sa seule grosse faute était qu’elle était si particulière sur ce qu’elle voulait que la liturgie soit, qu’elle violait quelque fois les recommandations de l’Instruction Générale du Missel Romain, lignes directrices de base gouvernant la manière de dire la Messe.
Ceci m’ennuyait, aussi un jour je lui demandais : « comment pouvez-vous espérer que la communauté accepte votre autorité et obéisse à la lettre à vos directives (elle avait l’habitude d’écrire ses propres règles) alors que vous n’obéissez pas à l’autorité dont vous dépendez ? Elle n’avait aucune bonne réponse à cette question, autre que : « Mais c’est une bonne liturgie ».
Je disais « Je comprend cela, c’est une bonne liturgie, telle que vous la comprenez. Mais vous faite partie d’un plus grand ensemble, tout comme ceux qui servent comme lecteur ou qui jouent de la musique doivent comprendre qu’ils font partie d’un plus grand ensemble. Vous ne les autorisez pas à faire juste ce qu’ils veulent, peu importe à quel point ils s’imaginent être « éclairés ».
Oui, mais elle était une liturgiste qualifiée. Elle a beaucoup étudié et a un diplôme d’une université importante. J’ai dit : « Bien sûr, mais c’est aussi le cas de beaucoup d’évêques et de ceux qui les conseillent ».
Après quelques allers-retours sur l’ignorance des évêques (Ai-je jamais rencontré d’évêque qui connaisse quoi que ce soi à propos de la liturgie ?), je dis, « Le point est que vous et moi sommes une part de la communauté de croyants : l’Église. Vous me dîtes tout le temps que c’est la clef d’une bonne liturgie. La liturgie n’est pas le lieu pour un individualisme créatif. Si nous voulons être une communauté et entreprendre ensemble des actions collectives, plutôt que de faire des actions individuelles en présence les uns des autres, alors nous devons obéir à l’autorité qui nous rassemble et nous unit : Les Écritures, la tradition, et l’autorité apostolique sur lesquels l’Église est fondée. Vous ne pouvez pas simplement aller de votre côté et faire vos propres affaires. Je veux dire, qui pensez-vous être ? Le Synode des Évêques Catholiques Allemands.
D’accord.je n’ai pas dit cette dernière partie au sujet du Synode des Évêques Allemands.
Cette conversation avait lieu il y a longtemps, bien avant que certains évêques aient décidé qu’ils étaient tellement doués et tellement sensibles qu’ils pouvaient enseigner à l’Église comment organiser leurs affaires, alors que leurs églises étaient vides.
Mais juste comme avec mon amie, je suis encore resté à réfléchir au sujet de ces évêques :
« Comment pouvez-vous espérer que votre autorité soit respectée alors que vous ne respectez pas l’autorité dont vous dépendez ? Je ne parle pas simplement de l’autorité du pape et des différents responsables du Vatican qui ont dit aux évêques allemands que le plan actuel pour un « synode contraignant », incluant des officiels du gouvernement allemands est illicite.
Plutôt, la seule source de leur autorité est l’autorité des Écritures, de la tradition et de l’autorité magistérielle établie au cours des siècles de tradition auxquelles ils ont supposé avoir juré fidélité, cela étant la seule base de leur autorité.
Les évêques ne sont pas supposés juste faire des choses du jour au lendemain combien intelligents et sensibles pensent-ils être. Ils servent une autorité plus haute. La constitution dogmatique du Concile Vatican II sur la Révélation Divine (Dei Verbum) établit clairement que, « Ce corps enseignant (de l’Église) n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais la sert, enseignant seulement ce qui a été transmis, l’écoutant dévotement, la gardant scrupuleusement et l’expliquant fidèlement en accord avec ce devoir divin et avec l’aide du Saint Esprit ; il tire de cet unique dépôt de la foi tout ce qu’il présente pour croyance comme étant divinement révélé. »
Comme j’essayais de l’expliquer à mon amie, « la seule raison pour laquelle chacun dans cette communauté vous écoute et de fait ce que vous dîtes n’ait pas du à votre éventuelle expertise en liturgie, mais parce qu’ils croient que vous leur présentez fidèlement les enseignements de l’Église Catholique Romaine. Si vous ne le faîtes pas ils vous abandonneront ».
Il en est ainsi pour nos chers évêques allemands. La seule raison pour laquelle on écouterait ces hommes plutôt quelconques est la croyance qu’ils représentent fidèlement l’enseignement de l’Église Catholique depuis Christ jusqu’au temps présent. Pour agir contrairement à l’autorité que vous avez promis de servir et qui est le seul fondement de votre autorité revient à scier la branche sur laquelle vous êtes assis. Vous pouvez avoir un siège élevé aujourd’hui, mais une fois que vous aurez scié cette branche, où serez-vous ?
Mais voyez, si les évêques allemands veulent aller leur propre chemin, que Dieu les bénisse. Je veux dire, à condition qu’ils rendent les églises pour lesquelles des générations de Catholiques se sont sacrifiées à bâtir. Vous construisez votre propre église, vous construisez vos propres bâtiments. Où, Messieurs, avez-vous eut l’idée que ces églises vous appartiennent ? Probablement là où vous avez l’idée que l’Église entière vous appartient. Cela peut venir comme un choc mais elles ne vous vous appartiennent pas et Elle ne vous appartient pas.
Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/10/31/respecting-authority/
A propos de l’auteur :
Randall Smith est le Scanlan Professor of theology à l’université St Thomas de Houston. Son livre le plus récent, Reading the sermons of Thomas Aquinas : A Beginner’s Guide, est maintenant disponible chez Amazon et à l’ Emmaus Academic Press.