Il existe différentes façons de comprendre et d’apprécier le synode sur l’Amazonie qui s’est conclu à Rome, dimanche. Beaucoup de commentaires se sont concentrés, par exemple, sur la possibilité d’ordonner au sacerdoce ministériel des hommes mariés. Visiblement, ce qui leur importait c’était moins les nécessités pastorales d’une Amazonie en manque de prêtres qu’une remise en cause du célibat sacerdotal qui est de règle dans l’Église latine. Il s’agit-là d’un débat qui ne date pas d’aujourd’hui et qui donne lieu d’ailleurs à une controverse historique sur les origines de ce célibat. Le cher et regretté Jean Mercier qui a écrit un livre de premier ordre sur le sujet1, parlait d’un débat historique « sous haute tension idéologique ». S’agit-il d’une évolution tardive ou y a-t-il des indices sérieux d’une origine apostolique ? En 1981, le père jésuite Christian Cochini avait publié, sous le haut patronage du cardinal de Lubac, un ouvrage qualifié par Jean Mercier « de travail le plus abouti sur le dossier historique du premier millénaire ». Dossier qui confirmait l’origine ancienne de la chasteté sacerdotale.
Une décision spirituelle fondamentale
De son côté, le cardinal Jean-Marie Lustiger avait prononcé au séminaire français de Rome une conférence mémorable où il affirmait que l’on devait parler de décision spirituelle fondamentale de la part de l’Église latine. Une doctrine qui l’engageait donc au-delà de tous les aléas du chemin et des remises en cause périodiques.
Une discipline essentielle pour le sacerdoce
Mais pour en revenir au synode sur l’Amazonie, il faut rappeler que le pape François s’est lui-même fermement engagé en faveur de la doctrine traditionnelle et qu’il a même été jusqu’à affirmer qu’à l’instar de son prédécesseur saint Paul VI, il ne voulait pas se présenter devant Dieu avec la responsabilité d’avoir mis fin à une discipline aussi essentielle pour le sacerdoce. Si donc, une exception est consentie à l’égard d’une région défavorisée, ce n’est le prélude à aucune réforme généralisée à l’échelle de l’Église universelle. Cette exception serait d’ailleurs soigneusement encadrée. Il n’est même plus question d’ordinations de « viri probati », d’hommes éprouvés, mais d’ordinations de diacres reconnus par la communauté ecclésiale pour leur « diaconat permanent fécond » et recevant une formation adéquate au presbytérat.