J’ai une amie qui, récemment devant moi, s’est déclarée catholique. « Mon identité, c’est d’être catholique » m’a-t-elle dit. « Je ne savais pas tout d’abord, qu’il y avait un nom pour désigner ce que j’étais, et j’ai grandi dans une communauté qui se moquait continuellement des catholiques. Mais tout au fond de moi, j’ai toujours su que j’étais différente. Et quand j’ai rencontré des gens qui se montraient tels, et en étaient fiers, je me suis trouvée ».
« Qu’est-ce que tu utilises comme pronoms ? » lui ai-je demandé. «Tous », m’a-t-elle répondu d’un air narquois. « Cela dépend du sexe, et du nombre de personnes auxquelles je me réfère ». Elle avait grandi avec un père juif qui était éditeur, et une mère chrétienne qui était institutrice. Son grand père était un juif émigré qui gagnait sa vie comme écrivain. C’est pourquoi, elle est incapable d’écrire « Tous ont leurs livres », plutôt que « Tout le monde a son livre ». « Si je l’écrivais de l’autre manière, j’entendrais ma mère grogner dans ma tête ». Elle ne peut pas non plus dire « eux » pour une personne seule. « C’est juste parce que j’ai été élevée comme cela », explique-t-elle. « J’espère que les gens peuvent respecter ma culture. » Quand on s’adresse à elle, elle préfère qu’on dise « Madame », ou bien « Oui, M’dame ».
Elle accepte qu’on fasse des blagues de bon goût sur les catholiques, mais remarquant la longue histoire de discrimination contre eux, elle considère comme odieux et à éviter la plupart des plaisanteries et des sarcasmes à leurs dépens. Elle s’oppose bien sûr, à toute discrimination contre les catholiques, que ce soit dans leurs logements ou dans leurs métiers. Pour elle, il ne serait pas plus admissible que quelqu’un dise à un demandeur d’emploi, « Mais mademoiselle X, vous êtes catholique », que ce ne le serait de dire « Mais mademoiselle X, vous êtes homosexuelle. »
Elle considère qu’il est discriminatoire de la part de quelqu’un de demander, « Mais madame X., comment pourriez-vous être un juge fédéral équitable, vous êtes catholique ? » comme cela le serait de demander « Comment pourriez-vous être un juge fédéral équitable, vous êtes homosexuelle ? » Elle considère qu’ils sont des ignorants ceux qui diraient : « Nous aimerions vous embaucher, mais de nos jours c’est vraiment trop controversé d’embaucher quelqu’un de si ouvertement catholique. » Si cela vous paraît bizarre, remplacez simplement le mot « catholique » par « homosexuel » et vous pourrez vous rendre compte. Elle pense qu’il y a certains actes discriminatoires inadmissibles et immoraux qui doivent cesser.
Depuis qu’elle s’est ouvertement déclarée catholique, elle fait clairement comprendre aux gens qu’elle n’apprécie pas (ni ne tolère) les habituelles plaisanteries crues, et les commentaires fanatiques qu’on fait souvent à propos des catholiques. Et si les gens parlent de sexualité de manière désinvolte ou grossière en sa présence, elle considère que c’est une forme d’agression et une violation de son espace personnel.
Elle porte ouvertement son alliance, et de ce fait, considère comme extrêmement mal élevé qu’un homme fasse des commentaires suggestifs, ou essaye de la draguer dans un bar. Elle ne voit pas pourquoi elle ne pourrait pas se rendre dans des bars ou des cafés comme n’importe quelle autre femme et rester assise là en paix, sans se faire accoster par des hommes qui ne respecteraient pas ses préférences sexuelles – c’est-à-dire, sa préférence pour des relations sexuelles avec un seul et même homme : son mari.
Déclarée telle, et fière de l’être.
Certains fanatiques semblent trouver qu’elle devrait simplement ne pas entrer dans un bar à partir du moment où elle n’est pas intéressée à draguer. Mais elle ne voit aucune raison pour que leur orientation sexo-centrée doive en aucune façon surenchérir sur son orientation à elle, qui n’est pas sexo-centrée.
Elle aime parler philosophie, politique et religion, et parfois même baseball. Et elle ne peut pas comprendre pourquoi parler des hommes, et de ce dont ils ont l’air avec un jean serré devrait être considéré comme le sujet de conversation à éviter entre femmes. Depuis qu’elle s’est déclarée catholique, elle a trouvé un formidable soutien à ses préférences dans ce domaine, de la part de femmes et même d’hommes qu’elle a rencontrés. Elle me dit que ces gens ont été un soutien formidable pour l’aider à comprendre sa nouvelle identité catholique.
J’ai connu cette femme quand elle était plus jeune. Elle disait qu’elle ne pourrait jamais être catholique. J’essayais d’être compréhensif, et de ne pas rire. Mais je savais. La plupart d’entre nous, nous savions. Cet immuable désir de vérité. Nous secouions la tête, la désignions du doigt, et murmurions, « catholique ». C’était juste une question de temps. Je me souviens d’un de mes amis qui disait qu’elle avait seulement besoin de passer un peu de temps avec d’autres personnes de la communauté, et qu’elle se révélerait. Et c’est bien ce qui est arrivé. Je ne dis pas que c’est biologique. C’est un choix. Mais quelque fois, on sait, tout simplement.
Quand elle s’est révélée, cela a été dur à avaler pour certains de ses amis étroits d’esprit, mais vous savez, quand on aime quelqu’un, il n’y a qu’à l’accepter pour ce qu’il est. Et elle a été claire : elle est catholique. J’espère simplement que tout le monde pourra mettre de côté ses préjugés mesquins et la soutenir dans sa décision courageuse.
Trop de gens actuellement sont catholiques, et ne veulent simplement pas l’admettre. Il y a une telle pression de conformisme et « d’intégration » à la société. Allez dans des fêtes. Buvez beaucoup. Parlez de sexe comme si c’était une partie de football ou un tournoi d’échecs- comme si c’était une sorte de lutte de pouvoir. Soyez grossier et indifférent. Irrespectueux envers vos parents.
Mais mon amie a choisi une autre voie. Ce n’est peut-être pas ce qui convient à tout le monde, mais tout ce qu’elle demande, c’est qu’on accepte son choix. J’espère qu’il y aura des gens pour la soutenir dans sa décision, tandis qu’elle s’adapte à cette découverte de soi nouvelle et libératrice.
Mon amie a un formidable talent d’organisatrice, et elle réfléchit en ce moment à l’organisation de quelque chose qu’elle appelle « la semaine de la prise de conscience catholique » pour aider à prendre conscience de la discrimination qu’ont subie les catholiques au long de l’histoire, et pour apprendre aux gens ce que cela veut vraiment dire « être catholique ». En plus, les gens partout dans le pays pourraient pavoiser leur fenêtre avec le drapeau jaune du Vatican pour montrer leur solidarité avec les principes et les valeurs catholiques et pour montrer qu’ils refusent la discrimination.
Qui pourrait objecter à cela ?
24 juillet 2019
Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/07/24/coming-out-as-catholic/
Photo : « Le drapeau de la fierté catholique » 🙂
Pour aller plus loin :
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- LE MINISTERE DE MGR GHIKA EN ROUMANIE (1940 – 1954)
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