La pièce s’ancre dans la Russie de 1905 et s’appuie sur l’histoire réelle de jeunes anarchistes de Moscou qui décident de commettre un attentat contre le grand duc Serge, figure d’un pouvoir despotique. L’homme est assassiné, le terroriste arrêté et exécuté.
L’admirable texte d’Albert Camus déconstruit petit à petit l’idéalisme de ces jeunes et nous questionne en même temps que les personnages, sur la valeur d’une vie humaine : « La fin justifie-t-elle les moyens ? ». Question on ne peut plus actuelle dont le metteur en scène, Abd Al Malik nous offre une interprétation résolument contemporaine. Si les personnages évoluent dans un magnifique décor de la Russie du début du XXe siècle, c’est au son de la batterie et du synthétiseur qu’ils se donnent la réplique à un rythme effréné. Cette mise en scène, toute en son et lumières, entrecoupée par des chants en Yiddish et par un chœur amateur qui lance au public des phrases récupérées auprès d’étudiants parisiens, semble faire plus souvent appel à nos émotions qu’à notre raison. La pièce, réellement intéressante dans le questionnement qu’elle soulève et par la beauté de sa mise en scène prend néanmoins le parti un peu grossier mais touchant du mélange des genres et des cultures pour nous réunir dans une même humanité qu’importe notre couleur de peau, notre religion ou notre sexe… Un discours qui trop souvent mène sur la voie du relativisme.
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Les Justes, d’Albert Camus
Adaptation et mise en scène d’Abd Al Malik. Avec Sabrina Ouazani, Clotilde Courau ou Frédéric Chau. Du 5 au 19 octobre, du mardi au samedi à 20h et le dimanche à 15h. Théâtre du Châtelet, Grande Salle (Place du Châtelet, 75001 Paris).