Rien qui vaille la peine de mourir - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Rien qui vaille la peine de mourir

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Ma femme et moi étions récemment à Londres, logeant dans un hôtel littéralement à l’ombre du dôme de la magnifique cathédrale Saint-Paul de Christophe Wren. Dans la crypte de la cathédrale se trouve la tombe de Wren, avec sa merveilleuse inscription: “Si tu cherches son monument, regarde autour de toi.”

Saint-Paul a remplacé la cathédrale gothique médiévale qui a brûlé dans le Grand Incendie de 1666, incendie qui a pratiquement détruit Londres et ses nombreuses églises. Wren a conçu de nombreuses nouvelles églises, dont la plupart sont toujours debout aujourd’hui; elles ont remplacé les anciennes églises dévastées par le feu. Mais Saint-Paul, qui a échappé miraculeusement à la destruction par les bombes allemandes pendant la deuxième guerre mondiale, a été son chef-d’oeuvre.

Immédiatement après le Grand Incendie, les protestants anglais étaient généralement convaincus que des catholiques incendiaires étaient à l’origine de la terrible conflagration. Cette croyance a persisté pendant un siècle ou deux. Personne ne le croit aujourd’hui, mais en 1666, nous n’étions pas encore arrivés à une époque de bons sentiments entre catholiques et protestants.

Cela nous donne une idée de la raison pour laquelle le roi Charles II, qui avait de fortes sympathies envers le catholicisme, a fait semblant d’être protestant jusqu’à ce qu’il soit reçu dans l’Eglise catholique sur son lit de mort en 1685.

Son frère et successeur, Jacques II, fut assez imprudent pour se montrer ouvertement catholique dans un pays qui haïssait les catholiques. Sans surprise, il fut expulsé du trône en 1688, l’année de la “Révolution Glorieuse”.

La stupidité catholique a grandement contribué à la fin du catholicisme en Angleterre. Par exemple, la persécution des protestants par la reine Marie (Bloody Mary/Marie la sanglante”); l’excommunication de la reine Elisabeth par le pape Pie V; le complot de la poudre à canon de Guy Fawkes et d’autres bons catholiques (1605). Et puis le catholicisme indiscrètement exposé de Jacques II.

La crypte de Saint-Paul n’est dédiée qu’incidemment à Christophe Wren. Elle est surtout dédiée à des héros militaires anglais, surtout à deux hommes qui ont combattu Napoléon avec succès – Nelson et Wellington. J’ai l’impression que l’Angleterre considère Nelson comme le plus grand des deux, jugement douteux. Mais à une époque de romantisme, Nelson était le plus romantique des deux. Après tout, il a été abattu au moment de son plus grand triomphe, la bataille de Trafalgar. Quoi de plus romantique que cela ?

Il ressemblait un peu à Lincoln, lui aussi abattu au moment de son triomphe. Bien que Washington ait été plus grand que Lincoln, tout le monde aime davantage Lincoln.

Quoi qu’il en soit, quand vous vous promenez dans la crypte de St-Paul et que vous regardez les monuments élevés à la mémoire des nombreux hommes qui ont vécu et sont morts pour leur pays, vous pouvez supposer que leur message est le suivant: “L‘individu n’est rien, l’Angleterre est tout.” Mais ce n’est pas tout à fait cela. Le message est: “L’Angleterre est tout, et dans la mesure où l’homme a vécu et qu’il est mort pour l’Angleterre, il compte aussi.”

Il peut y avoir des exceptions à cette règle, mais en général les individus donnent un sens à leur vie en appartenant à ce qu’on peut appeler une communauté morale, voire une communauté sacrée. Les individus ne sont rien, ou presque rien; de simples poussières dans un univers immense et silencieux.

Mais la communauté morale – qu’il s’agisse d’une tribu, d’une cité, d’une religion, d’une nation, d’un movuement politique (par exemple le communisme, le nazisme, le féminisme, le LGBT, l’environnementalisme) – n’est en aucun cas un grain de poussière. C’est quelque chose d’immense. Immensément important. En faisant partie de cette communauté morale, le minuscule individu acquiert une importance empruntée mais réelle.

Pendant des siècles en Occident, l’Eglise catholique a été cette communauté sacrée. Les individus estimaient qu’ils étaient importants parce qu’ils appartenaient à cette importante organisation, l’Eglise. Mais alors vint la Réformation protestante et, bien que les croyances chrétiennes et la morale chrétienne persistaient pour la plupart, la grande communauté morale, l’Eglise, a été brisée. Et avec l’effondrement de cette communauté sacrée, les individus des pays protestants ne pouvaient plus être sûrs que leurs vies comptaient pour quoi que ce soit.

Alors les gens se sont bientôt tournés vers une nouvelle communauté morale, la nation. Le protestantisme et le nationalisme ont fleuri côte à côte. Parce que le nationalisme, poussé à l’extrême, a conduit à deux guerres mondiales au 20e siècle, il n’est plus de bonne réputation, surtout parmi les européens. En Amérique, où le nationalisme n’a pas produit de conséquences aussi horribles (au contraire, c’est le nationalisme qui nous a unis après la Guerre Civile), le nationalisme jouit toujours d’une relativement bonne réputation, et continue de prospérer conjointement avec le protestantisme conservateur et avec un catholicisme conservateur quelque peu protestant.

Bien entendu, nos élites culturelles américaines (par exemple des personnes éduquées dans nos meilleures universités) ont tendance à adopter une vision cosmopolite et à éviter le nationalisme. Il n’y a pas si longtemps, Donald Trump, cette bête noire de nos élites culturelles, s’est mis en difficulté pour avoir annoncé qu’il était nationaliste.

En Angleterre, j’ai constaté que maintenant les gens ne parlent plus que d’une chose à part le sport, le Brexit. Sans surprise, dans cette grande ville cosmopolite, Londres, les gens sont anti-Brexit. Mais dans les villages et les petites villes d’Angleterre, ils sont pour le Brexit; du moins, c’était le cas lors du référendum national sur le retrait de l’Angleterre de l’UE qui s’est tenu en juin 2016.

Mon hypothèse – et je ne peux pas dire que ce soit plus qu’une conjecture – est que les électeurs favorables au Brexit sont intéressés au maintien de l’Angleterre comme communauté morale. Qui peut leur en vouloir ? Ils avaient autrefois le christianisme, et plus précisément le catholicisme. Mais il s’est désagrégé au cours des siècles. Jusqu’à ce qu’aujourd’hui, l’Eglise d’Angleterre – l’Eglise nationale officielle, l’Eglise de la reine, une Eglise qui a fait de son mieux pour rester de son temps, ordonnant des évêques femmes et des prêtres homosexuels – trouve ses lieux de culte presque vides le dimanche.

La religion du nationalisme est bien pauvre comparée à la religion chrétienne, en particulier au catholicisme. Mais c’est mieux que rien. Nelson et Wellington et les autres héros de la crypte de Saint-Paul avaient quelque chose de plus grand qu’eux pour lequel vivre et mourir. Ceux qui, refusant le nationalisme, préfèrent vivre dans un monde cosmopolite, se rendront compte qu’ils ont peu de chose pour lequel vivre sinon gagner et dépenser de l’argent , et rien du tout pour lequel mourir.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/10/04/nothing-to-die-for/

Image: Le progrès américain par John Gast, 1872 (Musée Autry de l’Ouest américain, Los Angeles, California)