Exigences du bien commun - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Exigences du bien commun

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Hommage rendu au Président Jacques Chirac à l’Hôtel national des Invalides le 29 septembre

Hommage rendu au Président Jacques Chirac à l’Hôtel national des Invalides le 29 septembre

© Michel Pourny

L’homélie que Mgr Michel Aupetit a prononcé hier à Saint-Sulpice durant la cérémonie des obsèques de Jacques Chirac avait de quoi retenir toutes les attentions. Elle était d’une totale clarté et nous invitait d’abord à réfléchir sur la fonction d’un chef d’État : « Si nous prions pour ceux qui sont chargés de nous diriger, c’est parce qu’ils ont la responsabilité du bien commun, de chacune des personnes et de l’ensemble de la communauté afin que tous puissent atteindre leur plein épanouissement. Ce n’est donc pas une prière facultative pour nous, c’est une obligation qui tient à l’amour du prochain. Nous le savons aussi, le bien commun n’est pas l’intérêt général car celui-ci peut supporter le sacrifice et l’oubli du plus faible. » Ces paroles de l’archevêque de Paris c’est d’évidence un commentaire direct de l’Évangile, mais c’est aussi une profonde leçon de philosophie politique.

J’ai déjà entendu de la bouche de Pierre Manent, authentique philosophe politique, cette distinction entre l’intérêt général et le bien commun et il y aurait lieu de la rapporter à l’histoire de la pensée. La catégorie du bien est d’un ordre supérieur à celle de l’intérêt. Même si l’on peut donner à ce terme un contenu qui va bien au-delà d’une conception utilitariste de la politique. Le bien a une résonance morale, alors même qu’il renvoie à un transcendantal métaphysique. Il a forcément rapport à l’amour à qui rien n’échappe et qui n’ignore personne, et sûrement pas le plus démuni, le plus fragile. Du même coup, il va au-delà de la philosophie. Il ne trouve que dans l’Évangile son modèle et sa règle. C’est en cela qu’il y a une différence chrétienne qui va bien au-delà des droits de l’homme, car elle se rapporte à la singularité et au mystère de la personne.

Mgr Aupetit a explicité cela : « C’est en raison de l’étincelle divine qui réside dans notre humanité, que toute personne, du commencement de sa vie à la conception, jusqu’à la mort naturelle, est appelé à être aimée et respectée. » Ainsi notre laïcité publique, comme disait Émile Poulat, peut recevoir dans une circonstance solennelle un enseignement qui relève d’une autre autorité que celle de l’État laïc, sans enfreindre la distinction nécessaire entre spirituel et temporel. Reste à savoir ce qu’elle retiendra de cet enseignement qui revêt des aspects directement concrets et qui concerne même des lois en cours d’élaboration. Mais c’est une autre affaire qui nous oblige, a encore dit Mgr Aupetit, à un changement de regard.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 1er octobre 2019.