Greta Thunberg, la jeune Suédoise qui est devenue la figure de proue du combat écologiste, ne fait pas l’unanimité. Elle est l’objet de féroces critiques qui sont le pendant de louanges extrêmes. J’écoute les arguments des uns et des autres, mais je ne puis me défendre du sentiment que si l’on admet la gravité du défi écologique, on ne peut rejeter dédaigneusement le symbole qu’est devenue cette très jeune fille. C’est pourquoi la tribune qu’a donnée au Figaro hier Gaultier Bès, de la jeune revue Limite, m’a touché. À ceux qui citent la phrase célèbre de l’Ecclésiaste : « Malheur à toi, pays dont le roi n’est qu’un enfant… », Gaultier Bès la rétablit dans son intégralité : « Malheur à toi, pays dont le roi n’est qu’un enfant et dont les princes festoient dès l’aurore ! » Eh oui ! c’est bien le problème. Greta n’est qu’une enfant, mais si elle est devenue la voix de sa génération c’est sans doute que les grands, les importants, ont été inférieurs à leur tâche, à leur devoir.
Le réchauffement climatique est-il un mythe ? Les catastrophes qu’on nous décrit, records de chaleur, fonte des glaces au pôle, disparition des forêts, extinction vertigineuse des espèces sont-elles des réalités dramatiques ou non ? Si oui, Gaultier Bès a parfaitement raison : « Face à la catastrophe écologique qui s’accélère, toute voix qui s’élève pour résister, prôner la sobriété, exiger un changement de modèle, devrait être reçue avec gratitude. » Mais au-delà de Greta Thunberg, il y aurait lieu de reposer la question écologique dans toute son ampleur. Pour moi, elle ne se sépare pas de l’écologie humaine. Si l’on veut que l’homme cesse d’être un prédateur, il faudrait le resituer face à sa responsabilité à l’égard de la Création. Comme Jacques Ellul, le grand précurseur de la pensée écologique, je préfère le terme de Création à celui de nature.
Au cœur de la Création, l’humanité doit prendre conscience de sa vocation et cela ne se fera pas sans une réflexion anthropologique intense qui ne peut faire l’économie de son rapport à la technique. C’est pourquoi la discussion actuelle sur la PMA ne peut être dissociée de la question écologique comme l’a très bien compris un José Bové, qui s’en expliquait justement il y a quelque temps dans la revue Limite. L’instrumentalisation de la procréation par la technique n’est pas neutre du tout, d’autant qu’elle intervient dans ce qu’il y a de plus précieux dans la Création, la naissance.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 25 septembre 2019.