Le Memorial Day, le premier jour – non officiel – de l’été, est le moment où nous nous arrêtons pour nous souvenir de ceux qui, selon les mots de M. Lincoln, ont donné la dernière pleine mesure de dévouement pour défendre l’Amérique au combat.
Et soyons clairs : Lincoln n’a pas écrit le discours de Gettysburg, d’où vient cette grande phrase, au dos d’une enveloppe à bord du train qui relie Washington, D.C. à cette petite ville de Pennsylvanie. Comme Abraham Lincoln Online le note, « Lincoln a toujours soigneusement préparé ses principaux discours à l’avance ; son écriture régulière dans chaque manuscrit est cohérente avec l’usage d’une surface d’écriture ferme… » C’était un homme trop prévenant et un écrivain trop prudent pour travailler d’une autre manière.
Je soupçonne que la légende du président se lançant dans un discours alors qu’il s’apprêtait à inaugurer le cimetière de Gettysburg découle de la brièveté du discours : 275 mots seulement – 279 si « ne peut » est écrit, comme M. Lincoln le fit dans ses trois utilisations, en deux mots. Quand j’étais enfant à l’école primaire, on mémorisait ce discours. Nous l’avons étudié. Il nous a beaucoup appris sur la rhétorique, l’art de parler et d’écrire de manière à ce que vos paroles soient puissantes et claires. En effet, le pouvoir vient de la clarté.
M. Lincoln a notamment déclaré que personne ne se souviendrait des discours prononcés ce jour-là (le célèbre orateur Edward Everett a également parlé – pendant deux heures !), mais un journaliste contemporain a écrit que « le monde a noté immédiatement ce que [Lincoln] disait, et ne cessera jamais de s’en souvenir », ce qui était vrai ; ajoutant même que « la bataille elle-même était moins importante que le discours » ce qui, espérons-le, est inexact.
M. Everett publia plus tard un livre sur les événements de cette journée qui comprenait son propre discours de 13 607 mots, le discours de Lincoln, plus des commentaires et des cartes, et le titre du livre seul rivalisait en longueur avec le discours du président : Discours de l’honorable Edward Everett lors de la consécration du Cimetière national de Gettysburg, le 19 novembre 1863, avec le discours inaugural du président Lincoln et les autres exposés de l’occasion ; accompagné d’un récit de l’origine et de l’aménagement du cimetière, d’une carte du champ de bataille et du plan du cimetière.
On ne sait pas combien d’auditeurs étaient encore éveillés lorsque M. Lincoln s’est finalement levé pour inaugurer le nouveau cimetière, où reposent plus de 3 000 personnes.
Chaque personne qui est devenu soldat a accepté la possibilité de mourir au combat. J’ai employé une expression neutre dans cette phrase, mais ce sont surtout les hommes qui sont morts au combat, même si, au fur et à mesure que les femmes sont devenues plus présentes dans les forces armées, elles aussi ont fait face au sacrifice ultime, et 149 sont mortes au combat depuis le 11 septembre.
En 2009, j’ai écrit ici une chronique du Jour du Souvenir, « une Prière pour les Soldats », qui a reçu quelques commentaires respectueux mais qui en a aussi amené d’autres à me critiquer, puisqu’il s’agissait de la remise des diplômes de mon fils à West Point (une célébration d’une semaine, pendant laquelle je l’ai écrite) et mon opinion critique était : la fête du Souvenir ne concerne que ceux qui sont tués à la guerre.
C’est vrai – jusqu’à un certain point. Comme je l’écrivais alors :
Pendant que le reste du Corps des Cadets s’éloignait, retournant aux grandes baraques de pierre, les mille premiers [c’est-à-dire les » premiers de classe » ou aînés] restaient seuls sur la vaste étendue d’herbe connue sous le nom de La Plaine. La musique jouée par l’orchestre de l’USMA résonnait autour des arcades de la caserne, de sorte que vous auriez cru entendre le son des marches jouées par des fantômes, accueillant la promotion de 2009 dans la Long Gray Line qui remonte à 1802 et au-delà. La plupart des autres membres du Corps d’armée portaient leur fusil à l’épaule ; les premiers portaient des épées qui brillaient au soleil et faisaient un bruit martial des plus remarquables alors que, régiment par régiment, les cadets les remettaient au fourreau. À un moment donné, il y a eu le silence, sauf les tambours et les caméras qui tournaient et, ici et là, les sanglots de la famille et des amis.
Et j’ai pensé : Pourquoi pleurai-je maintenant ? Et j’ai réalisé : Parce que ces hommes et femmes nobles vivent selon l’idéal le plus élevé de tous, celui du sacrifice de soi.
J’étais avec certains de ces soldats il y a quelques semaines, de braves jeunes gens : des copains de l’armée de mon fils aîné qui s’est marié le 4 mai dans le Colorado. Ses garçons d’honneur comptaient quatre hommes avec qui il a servi (tous sortis de West Point) ainsi que trois amis d’enfance, dont son frère cadet. Il y avait aussi d’autres soldats à la cérémonie de mariage, dont certains avaient servi sous ses ordres lors de ses déploiements en Irak.
Pour cet article de 2009, j’ai interviewé le père Edson Wood (maintenant retourné vers le Seigneur), qui était l’aumônier de West Point. Après avoir admis que le personnel militaire qu’il avait connu au cours de ses seize années d’existence était le meilleur qu’il ait jamais encontré, nous avons parlé des mariages, qui étaient autrefois une grande caractéristique du jour de la remise des diplômes et du départ en service (et juste après), mais pas en aussi grand nombre cette année-là.
« Parce que tous ou presque tous sont destinés dans quelques mois à être déployés au combat ? » ai-je demandé.
« Oui. » A-t-il dit. « Et cela pèse sur eux. La guerre et la mort font constamment partie de leur destinée. »
Dites ce que vous voulez sur la pertinence et l’efficacité de l’engagement américain en Afghanistan et en Irak, ceux qui ont servi sur ces théâtres l’ont fait la plupart du temps avec honneur, et ceux qui ont donné cette dernière pleine mesure ne sont pas morts en vain, car « il n’y a pas plus grand amour que celui-ci, pour donner sa vie pour ses amis ». (Jean 15:13)
De nouveau, l’allocution de Gettysburg est notre fait marquant d’aujourd’hui. Lisez-le. Lisez-le à vos enfants ou à vos petits-enfants. Mieux encore, demandez à l’un des enfants de le lire. Ou mémorisez-le. Il ne cesse jamais d’inspirer.
27 mai 2019
Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/05/27/the-last-full-measure/