L'Eglise et le socialisme : l'idée fausse qui ne va pas disparaître - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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L’Eglise et le socialisme : l’idée fausse qui ne va pas disparaître

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L’une de mes anciennes collègues, issue d’une famille brésilienne fortunée, avait l’habitude de dire qu’elle était à la fois marxiste et catholique. Je pensais que quiconque était capable de dire une telle chose ne pouvait probablement pas comprendre l’une et l’autre notion. Et pourtant nous sommes maintenant à une époque où les jeunes Américains sont devenus suffisamment crédules pour être attirés par quelque chose appelé « socialisme » – et cela malgré les exemples qui nous entourent toujours, à Cuba et au Venezuela, de l’appauvrissement et des effets fatals de ces régimes.

Léon XIII et Jean-Paul II ont exprimé nombre d’avertissements sur les inversions morales qui peuvent s’installer quand les gens s’entretiennent de leurs préoccupations pour soulager la condition des pauvres. Car ils se détachent souvent du cadre moral qui place au centre la primauté de la personne humaine.

Les Pères Fondateurs Américains n’ont jamais utilisé le mot « capitalisme ». Ils parlaient plutôt de « système de liberté personnelle », et la façon dont les gens faisaient leur vie procurait simplement un domaine important au sein duquel la liberté individuelle était exercée, avec des restrictions légales et morales.

John Locke voyait l’origine de la propriété dans la juste revendication que font les gens des fruits du labeur de leurs mains. Mais, à son tour, cela dépendait du principe premier selon lequel ils étaient les propriétaires de leurs propres mains. Ils n’auraient pas eu cette revendication si, disons, leurs mains appartenaient à quelqu’un d’autre – s’ils étaient eux-mêmes une propriété, en qualité d’esclaves.

Quand Lincoln a plaidé contre l’esclavage, il devait plaider à nouveau que les gens étaient propriétaires d’eux-mêmes et de leur travail. Et donc, ainsi qu’il l’argumentait, une certaine femme noire pouvait bien ne pas être son égale sociale ou intellectuelle, « mais dans son droit naturel à manger le pain qu’elle gagne de ses propres mains… elle est mon égale et celle de tout un chacun ». Son droit au travail – et à garder ce qu’elle gagne – il le considérait comme des éléments du droit naturel.

Léon XIII a mis l’accent sur la même chose dans « Rerum novarum » : « quand un homme s’engage dans un travail rémunéré, la raison qui l’incite à travailler est d’obtenir la propriété d’une chose et d’en disposer ensuite à son gré ». Cette motivation jaillit des plus profondes inclinations naturelles à subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille ; c’est un « droit naturel », a-t-il dit, et un fondement essentiel de sa liberté.

Les socialistes voudraient transférer la propriété à une collectivité ou à la communauté, et ce mouvement, a-t-il dit, « lèse les intérêts de tout salarié, puisque cela le prive de la liberté de disposer de son salaire, et par là de tout espoir ou possibilité d’augmenter ses ressources et d’améliorer ses conditions de vie ».

Léon XIII voyait clair dans la rhétorique qui était aussi commune à son époque qu’à la nôtre : les machinations étaient souvent présentées sous la bannière de sentiments grandiloquents, cherchant à délivrer les hommes du besoin et à résoudre le problème de répartition ; et pourtant, comme il le reconnaissait, ils fonctionnaient en supprimant ou limitant la liberté des gens ordinaires à mener leur vie en faisant des choses ordinaires.

De nos jours, ces choses ordinaires pourraient être : tresser ses cheveux, lustrer ses chaussures ou conduire un taxi sans licence de l’autoroute jusqu’à la sécurité de sa propre porte d’entrée (un programme super finalement étouffé par les syndicats à New-York).

Jean-Paul II a souligné de manière révélatrice que, lorsque l’Eglise parle d’une « option préférentielle pour les pauvres », elle n’en réduit pas la signification à la pauvreté de biens matériels. L’Eglise inclut un sens d’appauvrissement spirituel et moral.

Quand nous comprenons que la question de « la personne humaine » reste la question centrale, alors la question majeure, ou le « droit » majeur, est le droit à la vie, y compris, comme le dit Jean-Paul II « le droit de l’enfant de se développer dans le ventre de sa mère depuis l’instant de sa conception ».

Quelle est alors la doctrine de l’Eglise concernant l’économie et la  « question sociale » ? Jean-Paul II a dit que cela se résumait à ceci : « l’unique but [de l’Eglise] a été le souci et la responsabilité de l’homme… la seule créature sur terre que Dieu a voulu pour lui-même… Nous ne traitons pas ici de l’homme dans l’abstraction mais de l’homme réel, concret, historique. Nous nous occupons de chaque individu, puisque chacun est inclus dans le mystère de la Rédemption… Cet homme est l’itinéraire fondamental que l’Eglise doit emprunter pour remplir sa mission ». C’est « le chemin qui conduit invariablement à travers le mystère de l’Incarnation et de la Rédemption ».

« Cela, et cela seul » a-t-il dit, « est le principe qui inspire la doctrine sociale de l’Eglise. Et cela explique à la racine, avec suffisamment de profondeur, tout ce que l’Eglise a besoin de dire sur le capitalisme – ou quoi que ce soit d’autre.

Hadley Arkes est professeur émérite de jurisprudence à Amherst College. Il est le directeur fondateur de l’Institut James Wilson sur les Droits Naturels et la Fondation de l’Amérique.

Illustration : « Vue de South Street depuis Maiden Lane à New-York » par William James Bennet, vers 1827 [Metropolitan Museum of Art, New-York]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/09/10/the-church-and-socialism-the-fallacy-that-will-not-go-away/