Foi et civilisation - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Foi et civilisation

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À lire L’Archipel français de Jérôme Fourquet (Seuil), on ne peut être qu’impressionné par la description que le sociologue opère de « la dislocation de la matrice catholique ». Fondée sur des observations étayées par des séries statistiques impressionnantes, elle prête difficilement à la critique. Le tableau général paraît irrécusable.

La sociologie crédible ?

Cependant, il est permis de se poser quelques questions à propos même de la sociologie. Établie sur des constatations empiriques, est-elle toujours en mesure de donner l’éclairage approprié à des phénomènes dont les causes sont parfois loin d’être évidentes ? Un historien comme Guillaume Cuchet, qui est encore plus investi dans l’étude de pareils phénomènes, soulève des énigmes qu’il est très loin de percer à jour. Et par ailleurs, il y a, me semble-t-il, quelque danger à décrire certaines évolutions sociétales sous le sceau de l’irrépressible, de l’inévitable, d’autant plus que cela conforte une vision progressiste a priori de l’histoire.

Discrédit des adversaires du christianisme

Il est difficile d’interpréter les ressorts intimes d’une civilisation. Notre monde a-t-il cessé d’être chrétien parce qu’il y a eu rupture de transmission de la culture chrétienne ou par manque d’appétence pour une telle culture ? Le tournant civilisationnel des années soixante est aussi marqué par le discrédit et l’abandon des religions séculières qui avaient combattu le christianisme au XXe siècle. Ce n’est pas une vision du monde qui se substitue à une autre mais une déconstruction généralisée marquée par un scepticisme radical. Celui d’un Michel Foucault qui pense que l’homme est avant tout un être erratique, incapable de certitudes générales. Celui encore d’un président d’un étrange Comité d’éthique officiel qui professe qu’il n’y a pas de bien ou de mal, mais simplement les avancées de la science qui peuvent produire des modifications sociales.

Vers un retournement imprévu ?

Mais qui nous dit qu’il ne se produira pas des retournements imprévus, ces ricorsi de Giambattista Vico, qui interviennent sous le mode héroïque, voire sous le mode héroïque de la sainteté ? L’humanité n’est pas seulement erratique, elle est capable de volonté, de sursauts, de remises en cause. Peut-être convient-il de se mettre à distance par rapport à nos problèmes d’aujourd’hui pour mieux percevoir la respiration des civilisations. Ainsi, j’ai repris un classique, spécialiste de civilisation de la Renaissance en Italie, Jacob Burckhardt, qui s’est longuement interrogé sur les mutations de l’esprit religieux à cette époque. Son analyse est dense de toute la complexité de cette époque riche dans le raffinement de ses arts. L’âme de la Renaissance est profondément troublée. Cependant, écrit Burckhardt : « En creusant d’avantage la question, on découvrira que sous l’apparence de l’incrédulité ou de la superstition, le sentiment religieux subsistait dans toute sa force. » Il n’en va sûrement pas de même aujourd’hui, mais qui nous dit qu’un tel sentiment n’est pas près de ressurgir ? L’incendie de Notre-Dame pourrait bien constituer la parabole forte d’un retour sur soi.