Amour du prochain, une règle pour tous. La Parabole du Bon Samaritain, entendue dimanche dernier 14 juillet, nous guide pour agir ainsi. Notre responsabilité : détecter les besoins et la misère, et y apporter une réponse à la fois humaine et matériellement généreuse.
Il faut un instant de réflexion dans notre société d’abondance et de démographie en perpétuelle évolution. Rares de nos jours sont ceux qui fréquentent les petites communautés. Nombre d’entre nous, vivant en banlieue, se rendent au travail en passant par des quartiers déshérités.
Les médias nous montrent, bien sûr, de nombreux cas de gens dans le besoin, mais très peu d’entre nous en rencontrent dans la vie courante. Il existe cependant de véritables groupes de misère humaine même dans notre monde développé, des centres-ville au monde rural reculé.
Des gens en perpétuel besoin errent dans les rues. On les voit, dans les zones métropolitaines, au coin des rues, sur les marches des églises. Certains sont émotionnellement perturbés, d’autres sont touchés de stress post-traumatique, quelques-uns sont simplement malchanceux, d’autres se laissent simplement aller. La pauvreté matérielle au sein de nombreuses cités Américaines n’est que le reflet du désespoir régnant dans d’autres parties du monde. Mais la désolation émotionnelle et spirituelle peut être encore plus dévastatrice.
Les prêtres qui travaillent avec les Missionnaires de la Charité constatent que les sœurs les dissuadent gentiment de donner directement de l’argent aux nécessiteux. Leur glisser quelques pièces est bien plus facile que répondre à leur véritable besoin : leur accorder du temps pour les entourer. Selon celles et ceux qui se consacrent à ces nécessiteux isolés, leur besoin de contact humain est bien plus important que leur besoin de monnaie. C’est fréquemment le manque de contacts personnels qui les a conduits dans leur marasme. Il ne nous est donc guère facile à présent de jouer les bons Samaritains. Le bon Samaritain soigna la victime des bandits, et lui donna de l’argent pour ses besoins immédiats. « le lendemain, il tira deux deniers et les donna à l’hôtelier, en disant : prends soin de lui, et ce que tu auras dépensé en plus, je te le rembourserai, moi, à mon retour. » [Lc, 10:35].
L’argent donné aux gens dans la rue les incite souvent à ajourner leur recherche d’emploi ou d’assistance. Alors, s’il s’attend à rencontrer un pauvre sur son chemin, un bon Samaritain moderne pourrait préparer un sandwich ou une boisson. Ou bien lui consacrer un peu de temps et l’emmener quelque part prendre un plat chaud.
Les églises de banlieue récoltent des sommes considérables dans leurs troncs « Pour les pauvres ». Les pasteurs gérant les finances paroissiales reversent ces sommes à des organismes d’aide aux nécessiteux. Il arrive aussi qu’un paroissien éprouve un besoin provisoire en raison d’un problème temporaire. Il est bon que les paroisses s’ouvrent à leurs paroissiens dans de telles circonstances sans les mettre dans l’embarras.
À ce sujet, les pasteurs ne devraient jamais accepter le moindre remerciement pour des aides venant du tronc des pauvres. Il leur faut, bien sûr, être les bons gestionnaires des ressources de la paroisse, mais la véritable générosité vient des paroissiens donateurs.
De même, une bonne communauté — habituellement locale (au plus près des besoins) — devrait satisfaire les besoins de ceux qui se trouvent au bas de leur chance. Mais, soyons clairs, — ce qui ne se pratique guère de nos jours — imposer les citoyens pour aider les pauvres ne ressemble pas à ce que la Bible nomme « Charité ».
De telles largesses sont en fait un genre de justice distributive (de solidarité), dans le domaine politique. On s’aperçoit, au fil du temps, que de tels programmes ne sont pas efficaces, et même que certains d’entre eux sont préjudiciables envers ceux à qui de telles aides seraient destinées. Mais on peut mettre en place des programmes d’aide sociale convenablement établis.
Certains organismes sont conformes aux règles fiscales d’assistance, mais non à la loi divine. Le Planning Familial encaisse 500 millions de dollars par an d’aides publiques, et reçoit des dons privés (exemptés d’impôt) chaque année pour procéder à 330.000 avortements annuels et récolter le produit de la vente de « pièces détachées » de bébés. Une telle charité n’est qu’un mécanisme monstrueux.
Certains organismes sont aussi plus habiles à récolter des dons qu’à les employer en œuvres authentiquement charitables. Le Bon Samaritain qui, de nos jours, veut donner à des organismes charitables devrait écouter l’avertissement d’Éric Hoffer : « Toute grande cause débute en tant que mouvement, évolue en business, et finalement dégénère en racket. »
Les organismes sans but lucratif le savent fort bien, certains donateurs imaginent que la gestion de la charité devrait se passer de dépenses administratives. Ce qui est irréaliste. Même les Missionnaires de la Charité bénéficient — à juste titre — de nourriture et de logement pour l’exercice de leur apostolat.
Il nous faut aussi procéder à un examen de conscience quand nous faisoons un don. Comme nous le rappellent les plus hautes autorités, le bon élan pour pratiquer la charité chrétienne peut être ruiné par l’envie d’être admiré : « Quand donc tu fais l’aumône, ne va pas le claironner devant toi; ainsi font les hypocrites, dans les synagogues et les rues, afin d’être glorifiés par les hommes ; en vérité je vous le dis, ils tiennent déjà leur récompense. Pour toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône soit secrète, et ton Père, qui voit dans le secret te le rendra. » [Mt, 6:2-4].
En conclusion, reconnaissons que tous les programmes gouvernementaux sur terre et les dons privés sont incapables de soulager à grande échelle la souffrance humaine. En raison du péché, les pauvres — matériellement ou spirituellement — seront toujours parmi nous. Les laïcs devraient s’efforcer de bâtir des systèmes socio-économiques justes et équitables. Mais il faudrait pour un Ministère Chrétien au profit des pauvres le levain nécessaire pour surpasser tous les systèmes économiques.
17 juillet 2019.
Citations bibliques : texte français de la Bible de Jérusalem.
Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/07/17/in-search-of-the-good-samaritan/
Le Bon Samaritain – Vincent Van Gogh, c’après Delacroix, 1890 – Musée Kröller-Müller, Oterloo (Pays Bas).
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- La France et le cœur de Jésus et Marie
- AU SEUIL DE L’HUMANITÉ
- Dénoncer les abus sectaires dans la vie consacrée et passer l’épreuve en union au Christ Epoux