La table de Communion traditionnelle a un objet à la fois fonctionnel et sacramentel. Elle isole la zone . »sanctuaire. » de la nef et le célébrant des fidèles. La logique architecturale de la Table de Communion symbolise le côté sacré (« séparé ») et le ministère du prêtre célébrant la Messe,
intermédiaire vers le Christ. Le prêtre, homme, représente Jésus, divin époux uni à Sa bien-aimée Église. Et il porte à l’Épouse du Christ, depuis la « table du Seigneur », la nourriture à la table de Communion. Époux et Épouse sont distincts, mais jamais séparés.
La table de Communion souligne la sainteté du « Saint des Saints », rappelant l’ancien culte Juif. La loi de Moïse précise les préparatifs du prêtre de l’Ancien Testament — ablutions, vêtements, offrandes — précédant l’entrée dans le « Saint des Saints » (Lv, 16:2-5). Saint Luc expose le rôle du prêtre, médiateur sacré de Dieu : Zacharie célèbre dans le temple en brûlant de l’encens alors que la multitude du peuple est en prière (Lc, 1:8-11).
Le Sacrifice du Christ inaugure la Nouvelle Alliance Éternelle et la célébration de chaque messe re-présente la Croix et la Résurrection. Alors même que le rideau du temple se fendit quand Jésus rendit l’esprit (Mt, 27:51) la séparation entre célébrant et fidèles (entre sanctuaire et nef) demeure. Mais à présent existe une complémentarité dans l’Église.
La Messe célèbre et remplace le culte Juif dans le droit fil des Écritures. Le Christ n’est pas un révolutionnaire mondial : « n’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes ; je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt, 5:17). La signification dominant le respect de la liturgie sacrée se trouve dans l’union de la foi et de la confiance provenant de la constance et de la régularité des révélations divines.
En fait, au cours des siècles, le déroulement de la Messe a évolué et s’est codifié en conformité à la célébration de l’Ancien Testament, anticipant celle des Cieux. La Jérusalem céleste n’est pas faite d’une foule informe, mais ordonnée en « cosmos », et non pas en « chaos ».
La Liturgie de la Parole remplace le culte de la synagogue.
La Liturgie Eucharistique est un sacrifice — tout comme les sacrifices au Temple.
Le tabernacle remplace l’Arche sainte de la synagogue abritant les rouleaux sacrés de la Torah.
Le « Verbe fait Chair en l’Eucharistie » vient de la parole divine.
L’autel du sacrifice devient l’autel du sacrifice de l’Agneau de Dieu, signe du Corps du Christ en personne.
Et la Table de Communion constitue la limite avec le Saint des Saints du sanctuaire.
Merveilleux paradoxe, la Table de Communion invite les fidèles à s’approcher en toute confiance et pieusement du « Saint des Saints ». La Table de Communion met également l’accent sur l’autel, lieu du sacrifice qu’on cite pour le juste comme « autel de Dieu » (Grégoire le Grand). Les fidèles ne peuvent offrir leurs sacrifices au Père si ce n’est par les mains du célébrant. Mais le prêtre ne peut offrir le sacrifice qu’à condition qu’il soit librement offert par les fidèles. Prêtre et fidèles, tête et corps, sanctuaire (cœur) et nef, sont complémentaires dans la célébration du culte en l’Église.
La foi évolue selon une formation essentielle de catéchèse et de théologie. Mais cette foi s’enrichit par le contact avec la liturgie sous ses formes diverses — y-compris l’architecture sacrée.
S’il n’y a pas de Table de Communion, les fidèles s’approchent, puis repartent aussitôt après avoir reçu la Communion. La vue d’ensemble d’un magnifique sanctuaire, comme d’un festin de noce, n’est alors guère imaginable. Recevoir la Communion est alors un acte individuel, non plus pris en commun. Le prêtre se tient là pour distribuer les Hosties, les fidèles défilent devant lui.
Le rétablissement de la Table de Communion à son bon emplacement a des implications théologiques et phénoménologiques. Un prêtre éprouve la présence de la Table de Communion et sa séparation d’avec les fidèles même lorsque il les invite à prier. Il est davantage conscient de son rôle de médiateur par le Christ, en prière et en adoration. Sa fonction de père spirituel devient évidente alors qu’il s’éloigne du Saint des Saints pour donner la Communion.
On saisira une remarquable relation étymologique entre pastor et panis (pain) tous deux dérivant de la racine pa — « nourrir ». Ainsi, donner la Communion figure essentiellement dans le rôle de la prêtrise. Ceci justifie qu’on devrait toujours considérer comme « extraordinaire » la participation de laïcs à la distribution de la Sainte Communion (de préférence immobiles à la limite entre chœur et nef).
Les fidèles s’approchent du cœur pour recevoir la Communion. S’agenouillant, ils ont une brève vue sur l’autel, le tabernacle, le Crucifix, et tout le cœur. Brève attente, le prêtre distribue les Hosties. Il se déplace, dévoué à sa tâche paternelle. Côte à côte, les fidèles sont accueillis à la table du Seigneur comme toute une famille. Pas de bousculade au départ. C’est tout le contraire du déplacement dynamique se produisant lors de la réception en ligne de la Communion.
Non seulement la Table de Communion est un lien entre le prêtre et les fidèles selon la tradition juive, mais aussi mais aussi un merveilleux symbole architectural soulignant le rapport harmonieux et complémentaire entre le prêtre et les fidèles, entre le Christ et Son Église.
Après tout, la Messe est un avant-goût de la gloire céleste et de la communion des saints.
Puis je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle — car le premier ciel et la première terre ont disparu, et de mer il n’y en a plus. Et je vis la Cité sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, de chez Dieu ; elle s’est faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux. J’entendis alors une voix clamer, du trône : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il aura sa demeure avec eux, ils seront son peuple, et lui, Dieu avec eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux. : de mort, il n’y en aura plu ; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé.(Ap, 21:1-4).
16 mars 2019.
https://www.thecatholicthing.org/2019/03/16/the-communion-rail-and-complementarity/